Il y a quelques semaines, Goran Karanović s’exprimait à notre micro pour retracer ses meilleurs moments avec Servette. Ce long entretien nécessitait une deuxième partie de révélations: la voici…

 

Servettiens.ch : En tant que buteur, quel goal a été le plus important ou le plus satisfaisant pour toi ?

Goran Karanović : Je me souviens d’un match à Sion en 2012. A ce moment-là, le club rencontrait de grandes difficultés. On était plus payé. Moi, j’avais ma cheville qui était cassée, mais j’ai décidé de quand même jouer. En fin de match, je marque de la tête et on gagne le 1 à 0. C’était un moment spécial avec les supporters parce qu’ils savaient qu’on n’était pas payé et qu’on traversait des moments difficiles. On a senti la connexion. Ils étaient avec nous et ils ont remarqué qu’on ne lâchait quand même pas. On n’était pas des mecs arrogants qui se disaient : « on n’est pas payé, on ne joue pas, on ne court pas. » On a vraiment tout donné.

Servettiens.ch : Oui je me souviens très bien de ce but ! Incroyable. Et quel joueur ou membre du staff a eu le plus d’influence sur toi durant ta période en Grenat ?

Goran Karanović : Sur le terrain, ça a été Matías Vitkieviez. C’est le joueur qui m’a fait le plus de passes décisives dans ma carrière, pas qu’à Genève, aussi à Saint-Gall. Après franchement toute l’équipe. C’est difficile d’expliquer. On avait une équipe extraordinaire, vraiment une équipe de potes, on était tous ensemble.

© Compte facebook de Matías Vitkieviez

 

Sinon, c’est João Alves. Je me souviens aussi, juste pour donner une petite anecdote, j’avais une période un peu plus difficile. Je ne marquais pas depuis quelques matchs. Et il a vu que j’avais un peu… J’ai commencé à douter. Alors il m’a invité la veille du match dans un resto. On a mangé et parlé. Il m’a demandé ce qu’il se passait. J’ai dit : « j’ai aucune idée, je fais vraiment tout pour réussir, je ne sors pas, je suis ultra professionnel, je ne pense même pas sortir pour faire la fête ou quelque chose… » Et après il m’a regardé, il a dit : « ouais, c’est ça peut-être le problème. Il faut que tu sortes un peu, que tu changes ta tête. ». C’était vraiment un mec bien, humain. Il a été lui-même joueur, il savait que des fois, il faut aussi lâcher un peu, se changer les idées. Il m’a de nouveau motivé à ce moment-là et après, franchement, ça se passait de nouveau bien. Il savait vraiment comment se comporter avec les joueurs.

Servettiens.ch : Et du coup, pourquoi tu as quitté le Servette FC pour Saint-Gall en 2013 ?

Goran Karanović : Servette était en Challenge League de nouveau, malheureusement. On traversait vraiment aussi beaucoup de problèmes avec des présidents. Même si j’aime le club et tout, j’ai dû penser aussi à ma carrière. Le FC Saint-Gall était une bonne adresse. Il jouait la qualification pour l’Europe. Mais si Servette était resté en Super League, je ne pense pas que j’aurais changé.

Servettiens.ch : Du coup, aujourd’hui, si t’as un conseil aux jeunes joueurs, tu leur dirais quoi ?

Goran Karanović : De respecter les anciens, d’écouter les plus vieux et de ne pas penser que tout t’est dû, que tout va venir tout seul. Je vois beaucoup de jeunes qui pensent plus au Instagram et je ne sais pas quoi, les vidéos à gauche, droite, qu’à s’entraîner et progresser.

Servettiens.ch : Je comprends. Maintenant, après ta carrière footballistique, j’ai vu que tu étais manager chez The Agency. C’est juste ?

Goran Karanović : Agency, en vrai je suis copropriétaire. Oui, j’essaie d’aider, de donner mon expérience aux joueurs et de les soutenir dans leur carrière. Ca me permet aussi de rester proche des terrains. J’ai toujours voulu garder un pied dans le football, mais être entraîneur, ce n’était pas une option pour moi.

Servettiens.ch : Ah oui ? Pourquoi ?

Goran Karanović : Parce que tu es quand même, on va dire… Si tu veux vraiment faire entraîneur et tu veux aller au plus haut niveau, c’est difficile de rester tout le temps dans le même club, c’est presque impossible. Alors je me suis dit : « ok, dans la Suisse tu as dix clubs en Super League, tu fais peut-être quelques années dans quelques clubs ou tu vas à l’étranger. Mais moi j’ai une famille, j’ai trois enfants je ne veux pas, chaque année quand je change de club dire à mes enfants : « Il faut changer d’école. »  Je veux avoir une base. Ma base est maintenant ici en Suisse et je ne bouge pas.

Servettiens.ch : Le fait d’être agent et d’avoir ton agence, c’était une idée que tu avais depuis longtemps ou c’est arrivé après ?

Goran Karanović : Non c’est arrivé un an après l’arrêt de ma carrière. J’avais des propositions des clubs et aussi des autres agences pour travailler avec eux. Je disais tout le temps : « je ne veux pas, je ne veux pas, ça ne m’intéresse pas. » Mais j’allais tous les week-end voir des matchs, voir des jeunes. Il y a des gens qui m’appelaient. « Est-ce que t’as le numéro de lui ? Est-ce que tu peux m’aider pour le transfert là-bas ? Tu connais les gens, tout ça ! » Je les aidais sans problème. Et à un moment, ma femme, elle m’a dit : « écoute, tu dis que tu ne veux pas faire ça, mais tu le fais déjà et tu le fais gratuit. »  Elle avait raison. J’ai parlé avec des autres gens et on a créé une agence. On essaie de faire le mieux mais c’est encore très jeune, ça a besoin de temps.

Servettiens.ch :  Et je me demandais en tant qu’ancien joueur du Servette FC et puis agent, à Genève on a un mercato un peu léger pour le moment.  Tu verrais qui au Servette maintenant ?

Goran Karanović : Maintenant, moi-même, mais il y a 10 ans.

Servettiens.ch :  Ah ouais, pas mal.

Goran Karanović : Parce que moi je pense, avec par exemple, Matías Vitkieviez sur un côté, et Stevanović sur l’autre. Franchement, avec mes appels de balle et l’intelligence de Stevanović, je pense que j’aurais marqué beaucoup de buts. Mais comme je te disais avant, je n’arrive même pas à courir 10 minutes. Je pense en Super League, même pas 5 minutes. C’est difficile à dire. Ils ont une très bonne équipe déjà. Peut-être Nsame aurait été pas mal.

Servettiens.ch :  Ma dernière question est…Qui aimerais-tu lire sur les Servettiens ?

Goran Karanović : Stéphane Nater ou Patrick Baumann.

 

À Goran, alors que nous avons revisité les pages de ton passage au Servette FC, chaque souvenir nous rappelle pourquoi tu as toujours été et resteras un membre cher de notre famille Grenat. Les buts, les victoires, les défis et surtout, ton esprit de combattant sur le terrain, ont forgé des souvenirs indélébiles dans le cœur de tous les fans. Au nom de la communauté des Servettiens, nous tenons à te remercier du fond du cœur pour ton engagement, ta passion, et les moments exaltants que tu nous as offerts. Tu as incarné les valeurs de notre club avec une authenticité rare, laissant une empreinte qui continuera à inspirer les générations à venir. Merci, Goran, d’avoir été plus qu’un joueur pour nous – un véritable pilier Servettien inoubliable. Bonne chance pour tes nouvelles aventures, sachant que tu seras toujours accueilli à bras ouverts chez toi, au Servette.