Jean-Marc Guillou se console très vite de la désillusion du Wankdorf. Avec deux étrangers « mondialiste », le FrançaisGenghini et le Danois Eriksen, il se sent capable de lutter pour le titre. Même si le vide laissé en défense par le départ deMichel Renquin n’a pas été comblé, alors qu’il s’agissait d’une priorité évidente. Guillou déchante très vite. Il ne passe pas septembre. Le 6 aux Charmilles, Philippe Fargeon, un ancien Carougeois, fusille Burgener pour donner la victoire à Bellinzone. Cette défaite qui survient lors de la sixième journée, relègue Servette à la 9ème place du classement, à cinq points déjà de Xamax et marque le début de la fin pour le beau ténébreux.


Le 14 à St-Gall, les « Grenat » n’ont pas la moindre chance (2-0). Deux joueurs plus tard, Guillou figure pour la dernière fois sur le banc genevois. Aux Charmilles, en match amical l’Olympique de Marseille de Jean-Pierre Papin déclasse (4-1) lui aussi une équipe qui n’est plus qu’un fantôme. Trop c’est trop ! Le 20, Carlo Lavizzari confie l’équipe pour un tour de Coupe à Renens, à Thierry de Choudens, le responsable des juniors. Menés encore à cinq minutes de la fin du temps réglementaire les « Grenat » s’imposent sur le fil 2-1 grâce à deux réussites de l’inévitable John Eriksen. Touché en première mi-temps, Burgener cède sa place à un autre portier haut-valaisan Beat Mutter. Il ne la reprendra plus.


Ce septembre 1986 ne fut pas complètement noir. Le 3 aux Charmilles pour la venue de Vevey (4-1), les 3’200 spectateurs avaient découvert dans la dernière demi-heure un junior brésilien : José Sinval. Sur son aile droite, José brillait de mille feux. En moins d’un mois, il contraindra le champion d’Europe Genghini à un retour précipité en France, à Marseille plus précisément. Avec de Choudens à la barre et Sinval à l’aile droite, Servette redresse promptement la situation. A la trève, notamment, grâce à une superbe victoire sur Grasshoppers (3-1), Servette est remonté à la cinquième place. Mais l’écart qui le sépare du leader Xamax- 5 points- interdit pratiquement toute espérance. de Choudens et les siens misent tout sur la coupe.


Les Servettiens accèdent à nouveau à la finale du Wankdorf. Après Renens, ils écartent successivement Lausanne (2-0), La Chaux-de-Fonds (7-2). Aarau (2-1) et, enfin, Sion en deux temps (1-1 et 3-1). Le lundi de Pentecôte malheureusement, les Genevois s’inclinent après les prolongations (4-2) devant Young-Boys. Dans cette finale qui devait régaler les 28’000 spectateurs présents, la décision tombe à la 93ème minute. Siwek devance Mutter pour inscrire de la tête le 3-2. La sortie de Besnard, agressé par Wittwer en première période, et le match en demi-teinte du duo Eriksen-Sinval ont pesé lourd dans la balance. En revanche, Marc Schnyder, qui a ouvert le score, ne rate pas ses adieux. Il est l’un des meilleurs acteurs du match avec le stratège bernois Prytz.


Cette formation est redoutable : son attaque emmenée par Pache et le Polonais Wionsowski inscrit 82 buts. Hélas le gardien Perrenoud meurt peu après, victime de la grippe espagnole. Revenons à Gabriel Bonnet. Sous sa présidence (1915-1927) Servette remporte quatre titres de champion suisse (1918, 1922,1925 et 1926). C’est aussi pendant son mandat, en 1918, que suite à l’agrandissement des usines Pic-Pic, le terrain est déplacé perpendiculairement à la route de Lyon et doté d’une nouvelle tribune. M.Bonnet obtient même de l’usine Pic-Pic qu’elle paye les frais du « déménagement » qui se montent à 20’000 francs.


En 1920, Gabriel Bonnet se retrouve à la tête des clubs romands pour protester auprès de l’ASFA contre la fixation d’un match Suisse-Allemagne alors qu’il avait été promis aux Français de ne pas renouer aussi vite des relations avec les Allemands. L’assemblée est houleuse et les clubs romands quittent la salle. C’est aussi le comité de Gabriel Bonnet qui a l’idée d’engager l’Anglais Teddy Duckworth , entraîneur de 1921 à 1929. En 1923, Gabriel Bonnet est nommé vice-président de la FIFA et trois dirigeants servettiens occupent d’importantes fonctions à l’ASFA : Gabriel Bonnet lui-même est délégué international, Fernand Lila président du tribunal arbitral et Fred Greiner dirige la commission technique. C’est d’ailleurs ce dernier qui relaie Gabriel Bonnet à la présidence du Servette F.C, dès 1927.


A propos de Gabriel Bonnet précisons encore qu’en 1927 il est nommé vice-président honoraire de Middlesex Wanderers FC de Londres et qu’il est à l’origine de la création de la Coupe du Monde de football. En effet, en 1927, le CIO refusant encore et toujours aux fédérations de football de rembourser le manque à gagner aux joueurs sélectionnés, c’est le président servettien qui propose au comité exécutif de la FIFA d’organiser dans l’intervalle des Jeux Olympiques un championnat de football ouvert aux sélections nationales sans distinction de catégorie de joueurs. Une commission est nommé pour l’étude de ce projet sous la présidence de Gabriel Bonnet. Le règlement de la Coupe du Monde et admis par le congrès de la FIFA en 1929 à Barcelone et la première Coupe de déroule en 1930 en Uruguay.