A l’été 1983, Favre et Barberis se croisent. Le premier accompagne Jeandupeux à Toulouse. Quand au second, il quitte Monaco où il a brillé pendant trois ans, pour un « come-back » aux Charmilles. Pour redonner le titre à Servette, « Bertine » et Mathez, misent sur la force de frappe des deux grands espoirs romands, le Chênois Castella et le Chaux-de-Fonnier Jaccard. Seulement, Decastel se blesse gravement au genou, fin juillet, au cours d’un match amical à Porto. Le 15 juin 1984, Barberis, Jaccard, Castella et les autres n’ont plus que les yeux pour pleurer. Comme en 1977 face à Bâle, les « Grenat » perdent le titre sur un match d’appui. Au Wankdorf, ils s’inclinent 1-0 sur un penalty d’Egli à la 109ème minute.


Un penalty discutable- intervention de Renquin-, accordé par un arbitre, André Daina, qui n’était visiblement pas dans un bon soir. Le Belge qui avait renoncé à l’Euro 1984 pour ce barrage, a connu sans doute, ce 15 juin, la plus grande désillusion de sa carrière. Quatre jours plus tôt, sur cette même pelouse, les « Grenat » avaient été plus heureux devant Lausanne. Ils avaient remporté leur sixième Coupe de Suisse grâce à un but de Geiger à la 95ème minute. Un dénouement quelque peu chanceux si l’on se souvient qu’à l’ultime seconde du temps réglementaire, Burgener avait été sauvé par sa latte sur un essai de Mauron. Fin septembre 1983, Servette demeure l’unique club helvétique en course sur le front européen. Les Genevois se qualifient sans peine pour les huitièmes de finale de la Coupe des coupes devant les Luxembourgeois d’Avenir Beggen (4-0 et 5-1). Le 19 octobre, sans Burgener, blessé, mais avec un de Choudens en parfaite condition, les « Grenat » ne s’inclinent qu’à la 85ème minute en Ukraine face à Chaktor Donetz (1-0).


Le 1er novembre, Michel Renquin pour son 50ème match européen et les Servettiens vont au tapis en deux minutes. Deux « contres » soviétiques (59ème et 61ème) ne leur permettent pas de passer l’hiver au chaud. Le but de l’honneur de Jean-Paul Brigger n’atténue en rien la terrible déception du public : Donetz était à la portée des Genevois. Dix jours plus tard, Guy Mathez et les siens sortent d’un long tunnel. Ils effacent un début de championnat en demi-teinte en donnant, au Hardturm, une véritable leçon de football au Grasshopper de Blazevic.

Le duo Castella-Jaccard brille de mille feux et Servette s’impose 3-0.
Laurent Jaccard est la grande révélation de la saison. L’attaquant de poche est justement appelé en équipe nationale par Paul Wolfisberg. Le 30 novembre, pour sa première sélection à Alger, il inscrit même le premier but helvétique (2-1). Malheureusement, son genou lâche au début de l’année. Au tournoi en salle, il ne se relève pas après un choc avec Marcel Koller. Malgré tout son courage, Jaccard ne retrouvera jamais l’intégralité de ses moyens. En 1987, il va à Chêne pour repartir à zéro. L’année suivante, à 27 ans, il met un terme à sa carrière. C’est le plus grand gâchis de la décennie.

Rédigé par: Jacques Ducret, hors-ligne, 1990