Après le titre marquant le soixantième anniversaire, la diète préside aux années cinquante. Une triste décennie au cours de laquelle plus aucun titre ni aucune coupe ne viennent enrichir le palmarès des « grenat ». De Rappan à Snella qui arrive en1959, les entraîneurs se succèdent sans connaitre le succès, puisque Servette est 4ème en 1951, 6ème en 1952 et 3ème en 1953 avec Rappan, 4ème avec Châtelain en 1954, 6ème à nouveau avec Rappan en 1955, 6ème avec le tandemRappan-Brinek en 1956, 4ème en 1957 avec Rappan seul, 9ème en 1958 avec Vincze, 9ème en 1959 avec Séchehayeenfin 7ème en 1960 pour la première saison de Jean Snella.


C’est peut-être en 1953 que Servette parait le plus apte à reconquérir le titre, mais il est accablé par les blessures. En1955, création à Paris de la Coupe d’Europe. Le futur (et multiple) vainqueur Real Madrid dispute son premier match aux Charmilles et gagne 2-0 avant de s’imposer 5-0 au retour.


L’année suivante, ce sont les événements de Hongrie. En tournée avec l’équipe nationale juniors, six jeunes magyars restent en Suisse. Rappan les accueillent au Servette. Ce sont Pazmandy, Makay, Nemeth, Keresztes, Varhidi et Geley. Le 13 avril 1958, Lulu Pasteur dispute son dernier match sous les couleurs du Servette, le tandem qu’il a formé avecJacky Fatton laisse un souvenir inoubliable au moment où l’ère servettienne de Karl Rappan se termine. Marcel Righi, successeur de Clément Piazzalunga, réussit certainement un fameux coup à l’orée de la saison 1959-1960 lorsqu’il engage Jean Snella. Celui-ci ne peut toutefois obtenir mieux que la septième place pour sa première saison à Genève.

Les Young-Boys de Sing sont encore trop fort, ils fêtent leur 4ème titre d’affilée.
Snella jette toutefois les bases d’une équipe qui va réussir un magnifique doublé en 1961 et 1962. L’entraîneur français obtient un parfait amalgame entre certains anciens ou routiniers comme Jacky Fatton et Charly Kunz ou Steffanina, et des jeunes comme les Hongrois Nemeth, Makay et Pazmandy ou encore Desbiolles (venu de Meinier), Bosson(Carouge), Barlie (UGS), Meylan, Roesch, Georgy (Sion), Heuri (Moutier).

C’est ainsi qu’en 1960-1961, Servette remporte son 12ème titre national. Le parcours de cette équipe est étonnant : elle totalise 46 points pour 26 matches, avec 77 buts inscrits contre 29 encaissés. L’efficacité de l’attaque est reflétée par la manière dont les buts sont répartis : Heuri16 buts, Fatton 14, Bosson 13, Georgy 10, etc.


La formation parvenant au doublé l’année suivante, subit deux changements d’importance : désireux de réaliser une bonne campagne européenne, Jean Snella obtient l’engagement de Rolf Wütricht et de Giulio Robiani. L’arrivvée de ces renforts n’empêche pas Jacky Fatton d’être le roi des buteurs du championnat avec 25 réussites. Outre le titre, le souvenir le plus marquant de cette saison est certainement constitué par le match de coupe d’Europe des champions Servette-Dukla Prague. Devant 26’000 spectateurs, menés 3-1 à la trentième minute, les « grenat » égalisent par Robbianià six minutes de la fin puis prennent l’avantage par Fatton (4-3) cent-vingt secondes avant le coup de sifflet final. Cet exploit est malheureusement vain. Quinze jours plus tard les Genevois sont battus 2-0 à Prague.

Rédigé par: Jacques Ducret, hors-ligne, 1990