Julien Momont n’est pas le dernier quand il faut parler de football, ce journaliste qui est notamment intervenu dans l’After Foot a une autre qualité qui suscite l’admiration: il a rédigé (avec d’autres*) la bible du football à savoir « comment regarder un match de foot » et a récemment publié « comment gagner un match de foot ». Les deux livres sont des petits bijoux de connaissance et nous ne pouvons que vous les recommander chaudement !

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QUELQUES EXTRAITS DE L’INTERVIEW

Bonjour Julien! En lisant ton livre j’ai l’impression que vous avez essayé d’intellectualiser le football c’est le cas?

L’objectif n’était pas d’intellectualiser mais plutôt de tenter d’analyser le jeu et de la manière dont il est pensé et comment il était joué. On a donc essayé de présenter le football sous une forme différente ça va de comment on recrute un joueur, comment est-ce qu’on prépare un match, physiquement, tactiquement donc c’est varié! C’est de la réflexion sur le jeu.

Dans cette réflexion, le choix de l’entraîneur est d’une importance capitale puisque c’est lui qui va être la première pierre d’un projet sportif, c’est ça?

L’entraîneur c’est à la fois le visage et la communication de « son » club! C’est lui qui communique avec l’extérieur, personne ne communique autant avec les médias qu’un entraîneur! Il va impulser une dynamique au niveau du sportif, le coach va donner une identité de jeu à son équipe à la manière de Jürgen Klopp à Liverpool.

Vous expliquez notamment que le coach doit pouvoir être identifié au club, vous citez le cas de figure de Capello au Real qui est champion mais qui se fait virer car le jeu n’est pas au rendez-vous et dans le cas inverse un Jürgen Klopp rentre parfaitement dans le moule de Liverpool.

L’exemple de Klopp me semblait vraiment intéressant! C’est un entraîneur très humain et proche des gens, ce sont des qualités qui se retrouvent à Liverpool qui est une ville ouvrière où on connait la valeur du travail et de l’effort, je pense que Klopp est en symbiose avec les valeurs de Liverpool.

Derrière un bon entraîneur y a souvent un directeur sportif et des statistiques qui sont à disposition via Opta Team notamment, c’est vraiment possible de se tromper en recrutant un joueur qu’on a observé au préalable?

On a beau essayer de réduire la marge d’erreur au maximum avec la « data » il y aura toujours des éléments qui ne vont pas être contrôlable notamment avec les joueurs à potentiel. Il est très difficile de se projeter et de dire avec certitude qu’un joueur de 14 ans très prometteur va forcément être aussi bon à 18-20 ans. Le football reste une science inexacte malgré un grand nombre d’expertises qui sont à la disposition des clubs, aujourd’hui personne n’a trouvé la formule magique pour être certain d’être toujours dans le juste en termes de recrutement de joueurs.

Dans ce recrutement quel est le rôle de l’entraîneur?

Le système où l’entraîneur décide de qui recruter est de plus en plus rare car si il faut gérer le mercato, la préparation physique, la préparation des matchs, c’est  compliqué pour un seul homme! À Séville il y a Monchi (Le directeur sportif) qui tente de couvrir le plus de terrains et qui recrute qu’avec un certain profil indépendamment de l’entraîneur qui est en place. Pour résumer l’entraîneur doit savoir déléguer.

Donc un bon coach c’est (aussi) un bon staff technique?

Christophe Galtier nous avait dit que c’était quelque chose qu’il avait apprécié lorsqu’il était passé à Lille, pouvoir se concentrer que sur la préparation de son équipe c’est essentiel pour lui. Il y a eu une évolution des clubs qui se sont ouverts à des pistes extérieurs comme des nutritionnistes ou des spécialistes du sommeil et c’est très bénéfique pour tout le monde à condition d’avoir une bonne synergie entre les différents pôles, il est essentiel que tout ce staff puisse être écouté au sein du club.

Vous expliquez aussi dans votre livre qu’il y a aujourd’hui beaucoup de données dont un coach peut se servir…

C’est le boulot d’un data analyste, il faut prendre les informations et réussir à les lire et à que ce soit applicable sur le terrain et de rationaliser la matière. Un des problèmes dans le football est la prise de décision sous le coup de l’émotion au mépris de la réflexion.

Dans l’analyse tactique vous avez plusieurs thématique notamment comment attaquer un bloc bas ce que Servette a l’habitude de rencontrer régulièrement…

C’est une des parties la plus difficile tactiquement parlant, dans le livre on a Alain Casanova qui explique comment s’en sortir via le jeu de position tandis que Olivier Dall’Oglio suggère de construire depuis l’arrière. Pour attaquer un bloc bas c’est l’aspect collectif qui va jouer et notamment le placement, surtout si on n’a pas une individualité capable de débloquer un match. On parle aussi de courses qui peuvent « éliminer » l’adversaire ou mobiliser un adversaire et donc libérer un espace et l’exploitation de la largeur. C’est  le bloc bas qui nécessite la plus grande réponse collective généralement, l’équipe qui attaque va devoir trouver des solutions et on en revient à la préparation collective et tactique d’un match: Si on est bien préparé on arrive à trouver des réponses.

Dans le livre vous avez aussi un petit passage qui explique « comment gagner quand on est nul » je cite: « La vraie victoire quand on est nul est de dépasser ce stade de la condescendance générale pour créer des complicités avec ses coéquipiers,  rester sobre et donner l’impression qu’on remplit un vide au point que personne ne pense à votre niveau réel » j’adore!

(Rires) C’était un petit pas de côté mais finalement gagner ne veut pas dire la même chose pour chaque joueur donc y a aussi un peu d’humour dans ce livre!

* En collaboration avec Raphaël Cosmidis,  Christophe KuchlyPhilippe Gargov