Servette FC – Grasshopper: Mettre fin au naufrage

Servette FC – Grasshopper: Mettre fin au naufrage

Après une pause internationale qui aura vue Imeri faire ses débuts sous le maillot rouge à croix blanche, les Servettiens tenteront de décrocher les trois points qui leur échappent depuis le 12 septembre et leur large victoire face à Saint-Gall (5-1). La bande à Geiger recevra Grasshopper ce week-end et tentera de sortir la tête de l’eau. Réaction attendue des Grenat, afin de se déplacer plus sereinement à Lausanne la semaine prochaine pour le derby du Lac de Genève.

Il y a deux semaines, les supporters genevois n’ont pas été rassurés par la prestation des leurs face au FC Zurich. Décevant, Servette n’a pas réussi à imposer son rythme et n’a que très rarement fait peur aux joueurs de Breitenreiter. Pour preuve, alors qu’ils étaient menés 1-2, les Genevois ne se sont créé aucune vraie occasion (entendez ici : Expected Goals XGs) lors les vingt dernières minutes du match. A noter aussi que les trois quarts des XGs de Servette viennent uniquement de Stevanovic. Statistique qui démontre qu’il y a un vrai souci en phase offensive actuellement.

Autre élément intéressant, le nombre de duels gagnés. D’après les chiffres fournis par Wyscout, c’est lorsque Servette a commencé à gagner plus de duels que le FCZ, que les Genevois ont vu Kastriot Imeri réduire la marque. Et après ? Plus rien. Une baisse de la possession de balle ainsi que d’intensité dans les duels gagnés ont suivi, et les coéquipiers de Rouiller n’ont rien pu faire pour sauver un point devant leur public. Cela faisait depuis avril 2013 que Servette ne perdait pas trois matchs de suite à domicile (sans compter la période Covid sans public, lors de laquelle il y a eu trois défaites de suite à Genève lors de la fin de saison dernière, alors que tout était déjà joué).

En face, les Grenat verront arriver au Stade de Genève une équipe de Grasshopper qui a tenu tête au champion en titre avant la trêve (1-1). Ils étaient à quelques minutes de remporter les trois points, mais c’était sans compter sur le traditionnel but de Young Boys dans les arrêts de jeu. Contini et ses hommes ont également profité de la pause internationale pour travailler leurs gammes lors d’un match amical contre le FC Vaduz (victoire 3-1 des Zurichois).

Lors de leur dernière confrontation, Servette et Grasshopper s’étaient séparés sur un score nul (1-1). Dimanche, même un point ne serait pas suffisant pour satisfaire les supporters genevois, qui ont grandement besoin de retrouver le sourire avant le déplacement à la Tuilière.

Chelsea – Servette FCCF 1-0 : Proches d’un exploit XXL

Chelsea – Servette FCCF 1-0 : Proches d’un exploit XXL

Il s’en est fallu de peu pour que Servette décroche son premier point dans cette phase de groupes en faisant douter les vice-championnes d’Europe sur leur terrain de Kingsmeadow.

Avec le retour de Mendes dans le XI de départ, les Grenat se procurent par Padilla qui voit sa frappe être trop croisée après avoir été lancée dans la profondeur par Lagonia. Alors que les 20 premières minutes du match aller avaient été totalement ratées, celles d’hier furent pleinement maitrisées même si Inês Pereira a dû s’employer à la dixième minute devant Kirby. Les Blues se cassent les dents devant un bloc servettien bien en place et c’est sur un score nul et vierge que les deux équipes rejoignent les vestiaires.Le début de deuxième mi-temps est encore à l’avantage des Londoniennes qui continuent d’attaquer mais les Servettiennes tiennent bien le coup. Seule une tête de Brignt à la 55 e minute de jeu fera passer un petit frisson dans la défense genevoise dans le premier quart d’heure.

Malgré cette ultra-domination des championnes d’Angleterre, c’est bien Servette qui aura une énorme opportunité d’ouvrir la marque à la 65e minute : suite à un corner repoussé par la défense adverse, le ballon parvient à Lagonia qui centre dans la boîte pour Mendes. Cette dernière effectue une talonnade mais Musovic réagit promptement et empêche les Grenat d’inscrire leur premier but en C1. On ne le sait que trop bien, le football est cruel et on en a la confirmation 120 secondes plus tard avec l’unique but de la partie signé Sam Kerr qui crucifie Pereira. La fin du match verra Servette-Chênois finir la rencontre en infériorité numérique suite à l’expulsion de Soulard mais qu’importe, on ne retiendra que les Servettiennes ont tenu tête à l’une des meilleures équipes du Vieux Continent. Place désormais au repos avant la dernière échéance en championnat de l’année le 4 décembre prochain.

Chelsea – Servette Chênois 1-0 (0-0)

Kingsmeadow, 1270 spectateurs. Arbitres: Mmes Guteva, Marinova, Rashkova (Bul).

Buts: 67e Kerr 1-0.

Chelsea: Musovic; Andersson (69e Cuthbert), Eriksson, Bright, Mjelde; Charles, Ji, Ingle (68e Leupolz), Kirby (85e James); Kerr (85e Reiten), England (68e Fleming). Entraîneuse: Emma Hayes.

Servette Chênois: Pereira; Soulard, Felber, Spälti, Mendes; Tufo (90e Tamplin); Nakkach, Maendly (90e Guede), Lagonia, Padilla (70e Bourma), Boho (80e Fleury). Entraîneur: Eric Sévérac.

Avertissements: 71e Soulard. Expulsion: 83e Soulard (deux cartons jaunes).

Le résumé vidéo de la rencontre

De champion suisse à barragiste: La longue déroute du XXIe siècle du Servette FC

De champion suisse à barragiste: La longue déroute du XXIe siècle du Servette FC

Club historique ?

Comment reconnaît-on un club historique ? Est-ce sa capacité à dominer son championnat national pendant plusieurs années ? À gagner toujours plus de titres ? Certes, l’histoire veut qu’on ne retienne que les vainqueurs, le Real Madrid de Zidane, le Manchester United de Sir Alex Ferguson ou encore le Brésil de Pelé pour ne citer qu’eux. Dans les livres d’histoire, ces noms sont marqués au fer-blanc, sous-lignés et surlignés. Mais on n’oublie souvent que ce qui fait l’histoire est souvent ce qui étonne, une équipe qui se relève, qui sort de nul part et n’abdique jamais : l’Ajax en Ligue des Champions récemment, la Juventus reléguée en
Serie B en 2006, les Pays-bas des années 70. Des équipes qui n’ont jamais rien gagné, mais qui ont marqué le cœur des supporters et des amoureux de football.

L’histoire que je vais vous raconter montre ce qui fait du Servette FC, un club historique. Mettons de côté le palmarès, les titres glanés, les joueurs légendaires, les épopées européennes, toutes plus belles les unes que les autres, qui certes contribuent, sans aucun doute, à l’image et au prestige du club, mais qui ne sont rien comparés à ce que je vais raconter.

Car c’est à travers les pires moments qu’on reconnait les gagnants, n’est-ce pas ce qu’on vous a toujours appris ? “Oui c’est un bon entraîneur mais il n’a jamais été dans une équipe qui n’a pas le niveau”, “Oui c’est une bonne équipe mais elle n’a jamais été mené au score”, “Oui c’est un bon joueur, mais il n’a jamais confirmé ailleurs”. Le compétiteur se relève, le
perdant reste à terre. On respecte celui qui s’impose aussi bien quand il gagne que quand il perd. C’est exactement ce qui s’est passé avec Servette en ce début de siècle. Le club a réussi là où beaucoup auraient échoué : il est revenu, alors qu’il était au plus bas.

Laissez-moi, alors, vous raconter la longue déroute du Servette FC des années 2000-2010, de la double faillite à l’Europe.

Tout allait bien…

Au sortir de la saison 98/99, le Servette remporte le championnat suisse pour la 17e fois face au Lausanne-Sport, l’éternel rival. Personne ne se dit alors que le club genevois ne va plus en gagner un suite à ça et que le club va bientôt disparaître des radars de l’élite suisse footballistique. Quelques mois plus tard, le club sous la houlette de Christian Hervé, du groupe Canal+, entame la construction d’un stade à la hauteur du prestige du club. Au revoir le Stade des Charmilles, bonjour le Stade de Genève. Malheureusement, entre 2000 et 2003, les comptes du club s’aggravent, le stade coûte cher, le budget n’est pas respecté, les joueurs ne reçoivent plus leur salaire et les lunettes d’illusions que portaient les dirigeants se brisent.

Le club qui en une saison a perdu le Stade des Charmilles et Alexander Frei (cf. Alexander Frei, meilleur suisse de l’histoire ?), mais aussi Canal+, le bénéficiaire majoritaire du club. De plus, on se rend compte aussi que les affluences prévues ne sont pas au rendez-vous : « Nous avions budgété une moyenne de 8000 spectateurs payants par match (avec les
abonnés) et sur un sponsoring en hausse. La moyenne s’est élevée à 6500-7000, avec les 30 000 personnes du match d’ouverture (15 000 payants). Une diminution de 1000 spectateurs coûte 25 000 francs à Servette par match. Quant au sponsoring, nous avons encaissé 30 à 40% de moins que prévu.
»1 (cf. Affluences des supporters grenats au fil des
époques.
).

Le Stade de Genève, partiellement rempli à son habitude…

À la trêve estivale, le responsable financier du club, Olivier Bull démissionne : «Je suis arrivé sous l’ère de Canal +, et les choses ont bien changé depuis. Les problèmes incessants de trésorerie rendent mon travail nettement moins intéressant. Je suis un financier d’un certain niveau, et dans la structure actuelle, je n’ai plus ma place ici. Pour gérer les dettes au quotidien, le club peut engager un «scribouillard» bien rigoureux. Je comprends la situation économique, je cautionne le travail de fond effectué, mais j’ai d’autres ambitions.»2

Pelé et Marc Roger

Pas le temps de se préoccuper, Marc Roger, agent de joueurs français, reprend le club. Il est connu pour être l’agent de plusieurs stars du foot tel qu’Anelka, Vieira, Makélélé, et même Ronaldo. Ceci va lui permettre d’attirer beaucoup de grands joueurs au club comme Karembeu, Moldovan, Valdivia ou Beauséjour.

Pour permettre de retrouver une sérénité financière, les joueurs acceptent de baisser leur salaire la saison suivante. Marc Roger souhaite aussi réaliser le plus de plus-value possible sur le transfert de jeunes talents du club comme Senderos à Arsenal, mais cela ne couvre pas toutes les dettes. Car en effet, Canal+ injectait 4 à 5 millions de francs par année dans le club pour boucher les trous et combler les dettes s’élevant à 7 millions de francs. Les derniers 2 millions de francs étaient avancés par les actionnaires. Les choix de Roger se sont avérés très aléatoires, et même s’il était un bon agent, il n’est pas devenu un bon dirigeant. Les résultats sportifs de Servette n’ont pas aidé le dirigeant et après une saison, le club est à nouveau en difficulté financière ce qui lui fait débuter le championnat 2004-05 avec 3 points de retard.

Au plus bas

Malheureusement, le club ne terminera jamais cette saison en Super League, car le 4 février 2005, le juge proclame la faillite de Servette, les M-21 devenant ainsi l’équipe première. Le club est alors relégué au statut d’amateur et est relégué en 1ère Ligue. Le club finit 14e de 1ère ligue, jouant contre Etoile Carouge, Chênois, Grand-Lancy ou UGS dont la moitié dans un Stade de Genève démesurément vide. Francisco Vinas, catalan actionnaire du club, reprend le Servette durant cette période difficile.

Toutefois, Servette n’y reste pas longtemps, puisque la saison d’après le club finit premier et rejoint avec Etoile Carouge la Challenge League. On est loin des Senderos ou Frei, mais des jeunes émergent comme Tibert Pont cette saison-là. Et puis en Coupe de Suisse, le club franchira quand même les quarts de finale en ayant éliminé Meyrin, Collombey-Muraz et Thoune avant de s’incliner à Winterthur.

L’euphorie de la montée et de la Coupe, nous ferait presque penser que cette faillite est du passé, que Servette va très vite remonter dans l’élite et que le pire est derrière.

C’est pourtant dans le ventre mou de Challenge League que Servette va passer deux saisons sans rien proposer de vraiment bien ni en championnat, ni en coupe. Au début de saison 2008-09, Francisco Vinas dépose sa démission au sein du club à la suite de la défaite du club contre le FC Bienne 1-5. De tous les présidents cités précédemment, c’est la première fois que ce n’est pas pour des raisons financières que le président quitte le club. Vinas a aussi nettement contribué à la rénovation du centre sportif de Balexert. Mais les supporters trouvaient en Vinas quelqu’un de trop prudent et lorsque le projet de Majid Pishyar est arrivé sur table tout le monde a été séduit.

“Magic” Pishyar

L’homme d’affaires iranien gérant de la compagnie 32group propose un projet d’investissement à long terme dans le club. Sa première saison en tant que dirigeant n’est pas optimale puisque le club finissait en bas de tableau et est éliminé assez vite en Coupe face à Concordia Bâle, mais c’est pardonnable, car il n’y a pas de temps d’adaptation encore. La saison 2009-10 est alors très encourageante, l’équipe finit 4e de Challenge League, franchit les ⅛ de Coupe de Suisse et le club enregistre cette année les arrivées de Christopher Mfuyi, François Moubandje et de Marcos de Azevedo.

Plus le temps avance, plus le projet de Majid Pishyar se concrétise, l’équipe reprend du galon de saison en saison. La saison 2010-11 est tonitruante avec 19 victoires et seulement 6 défaites durant l’exercice. Le club est la meilleure défense et attaque du championnat avec Eudis (16 buts), de Azevedo (14 buts), Vitkieviez et Esteban (12 buts). Malheureusement, le club ne décroche pas la première place, mais la deuxième signe de barrage. Servette affronte alors Bellinzone d’abord au Tessin. Au terme d’un match serré, le club tessinois décroche la victoire dans les dernières minutes.

Il faut alors un miracle pour le club grenat s’il veut retrouver l’élite suisse après 6 ans d’absence. Le 31 mai 2011, 20h15, devant plus de 23’000 spectateurs (première depuis l’inauguration du stade), Nikolaj Hänni donne le coup d’envoi du match. Boostée par des supporters très animés, Servette est au mieux de sa forme. 1-0 à la 11e, 2-0 à la 45e et 3-0 à la 56e, le public est en extase. Et même si Bellinzone revient à 3-1, les fumigènes éclatent, un gros brouillard s’installe, les supporters n’attendent que le coup de sifflet final. Et parmi les supporters, Majid Pishyar se ronge les ongles. Il est à quelques secondes d’accomplir l’exploit de remonter une équipe qu’on croyait finie. Sur une dernière contre-attaque servettienne, le dernier défenseur tessinois fauche l’attaquant grenat et voit rouge. Quelques secondes plus tard, l’arbitre libère les 22 acteurs et c’est les 23’000 spectateurs qui entrent sur le terrain qui célèbre cette ascension après une longue attente.

Majid Pishyar devient “Magic” et les supporters grenats saluent le dirigeant comme il se doit. Pour le coach Joao Alves: «Servette mérite vraiment cette promotion. (…) La Challenge League est trop petite pour eux.»3

Le coach Joao Alves et Majid Pishyar, les deux artisans de la remontée en Super League

Brève euphorie en Super League (2011-2013)

Le club est revenu dans l’élite suisse et cherche à reconquérir son statut de grand club. Première saison dans l’élite, Servette néo-promu, étonne tous les bookmakers et arrache une 4e place, signe de qualification en barrage d’Europa League. Alors l’histoire devrait s’arrêter là, n’est-ce pas ? Le club n’est plus au fond du trou, est à nouveau européen, que faut-il de plus ? Alors, comme une bonne nouvelle ne vient jamais seule, nous découvrons avec effroi que “Magic” Pishyar, devant la situation financière catastrophique du club, est très pessimiste quant à l’obtention de la licence de Super League pour la saison prochaine. Face à la menace d’une nouvelle faillite, “Tragic” Pishyar ne voit pas d’autre alternative que
de céder ses actions, pour 1 franc symbolique à Hugh Quennec, le président du Genève Servette Hockey Club.

Le Canadien, nouvellement président, se voit très optimiste sur l’avenir du club. Affichant toujours un grand sourire, il est très proche des supporters,
rejoignant à quasi chaque match à domicile, la Tribune Nord. Mais côté sportif Servette est au plus mal, éliminé en Europa League, le club enchaîne les défaites et plafonne à la dernière place. Rien n’y fait, avec seulement 26 petits points, le rêve de l’élite est terminé pour le club grenat au bout seulement de deux saisons. C’est la première fois que le club est relégué pour des raisons sportives.

Rebelote, on redescend

La saison 2013-14 est plus que moyenne, le club n’arrive plus à retrouver son standing habituel. L’effectif vieillit, la plupart qui ont joué contre Bellinzone il y a 2 ans sont partis, le recrutement sous Quennec n’est pas optimal à l’image d’un Jocelyn Roux en perdition. Le club ne fait pas mieux qu’une 5e place. Décevant.

La saison d’après est plus optimiste. Côté sportif, la formation helvète permet au club grenat d’aligner quelques beaux noms : Guillemenot, Zakaria, Kutesa. Le club se hisse à la 2e place derrière Lugano, qui n’est pas synonyme de barrage suite au retrait de cette règle en 2012 (réintroduite en 2019). Sauf que pour une énième fois, Servette va mal financièrement, 5 millions de francs de dettes sont à noter et Hugh Quennec n’obtient pas la licence pour la Challenge League de la saison prochaine. Le club est au bord de la faillite à nouveau et risque de tomber en 2e Ligue Inter. Un groupe d’entrepreneurs genevois arrive à la rescousse sous la bannière de la Fondation 1890 dirigée par Didier Fischer. La Fondation efface les dettes et met en place une structure financière sereine pour l’avenir. Le club est quand même relégué en 1ère Ligue Promotion. Pour Fischer : «Servette doit redevenir un grand club et briller»4

Et Servette brille !

Il n’a pas fallu plus d’une saison pour que le club quitte la 1ère Ligue Promotion. En 30 matchs, les grenats survolent la compétition portée par un Tibert Pont de haut niveau et un Vitkieviez de retour. En 2016, on assiste peut-être à la Challenge League la plus relevée depuis longtemps, avec un Xamax de retour (lui aussi en faillite en 2012), un Zürich relégué (anomalie pour une équipe de ce calibre) et Servette qui revient aussi. Les hommes de Meho Kodro finissent derrière les deux cadors à la 3e place. À noter que cette saison le club grenat bénéficie des services du grand Jean-Pierre Nsame, auteur de 23 buts en 31 matchs.

À la saison 2017-2018, Servette est cette fois devancé par Xamax. Il faut
attendre la saison 2018-2019, pour que Servette prenne ses responsabilités de leader. Alors que tous les bookmakers voyaient Lausanne remonter en Super League, les hommes d’Alain Geiger, nouvellement entraîneur, ne le voyaient pas de cet oeil-là. En 36 matchs, le club grenat empile 79 points et seulement 5 petites défaites. Meilleure attaque et défense du championnat, l’histoire a quand même voulu retarder la promotion du club jusqu’au match contre l’éternel rival : le Lausanne-Sport. Ceux contre qui Servette est descendu en 2012, ceux contre qui en 1999 Servette a gagné son dernier titre de champion suisse. Servette décroche sa promotion le 10 mai 2019, à la Praille, sous le score de 3-1.

La suite de l’histoire, vous la connaissez : Servette retrouve la Super League galvaude la 4e (2019-20) et 3e place (2020-21), se qualifie deux fois pour l’Europe (Europa League et Conference League), le club atteint la demi-finale de Coupe de Suisse en 2021, une première depuis le sacre en 2001. Il n’y a pas à dire : Servette brille depuis !

Alors, il paraît presque aujourd’hui égoïste, d’un point de vue externe et récent, quand on entend les fans se plaindre de la situation actuelle du club. Mais au vu de ces 20 dernières années, le supporter grenat a vécu de véritables montagnes russes et on peut comprendre la peur de certains vis-à-vis d’une nouvelle contre performance du club. Cependant, financièrement, le club semble avoir repris nettement du galon depuis l’arrivée de la Fondation 1890 et côté sportif, Servette semble posséder un effectif à la hauteur de la division. Ainsi, quand vous regardez un match de Servette à la TV ou au stade, observez aussi l’évolution qu’on a parcouru, de Marc Roger à Pascal Besnard, de Sébastien Fournier à Alain Geiger, de Jocelyn Roux à Gaël Clichy et appréciez ce qu’est redevenu aujourd’hui le Servette Football Club. Un club historique dont même l’argent n’a pas réussi à le faire couler.

Post Tenebras Lux!

1LE SERVETTE FC S’ENFONCE DANS LA CRISE, Le Temps, Publié jeudi 10 juillet 2003

2 ibid.

3SERVETTE REVIENT EN SUPER LEAGUE!, RTS Sport, le 1er juin 2011

4«SERVETTE DOIT REDEVENIR UN GRAND CLUB ET BRILLER», Tribune de Genève, le 20 juillet 2019

Entretien avec Julien Momont, journaliste/auteur (ex-RMC)

Entretien avec Julien Momont, journaliste/auteur (ex-RMC)

Julien Momont n’est pas le dernier quand il faut parler de football, ce journaliste qui est notamment intervenu dans l’After Foot a une autre qualité qui suscite l’admiration: il a rédigé (avec d’autres*) la bible du football à savoir « comment regarder un match de foot » et a récemment publié « comment gagner un match de foot ». Les deux livres sont des petits bijoux de connaissance et nous ne pouvons que vous les recommander chaudement !

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QUELQUES EXTRAITS DE L’INTERVIEW

Bonjour Julien! En lisant ton livre j’ai l’impression que vous avez essayé d’intellectualiser le football c’est le cas?

L’objectif n’était pas d’intellectualiser mais plutôt de tenter d’analyser le jeu et de la manière dont il est pensé et comment il était joué. On a donc essayé de présenter le football sous une forme différente ça va de comment on recrute un joueur, comment est-ce qu’on prépare un match, physiquement, tactiquement donc c’est varié! C’est de la réflexion sur le jeu.

Dans cette réflexion, le choix de l’entraîneur est d’une importance capitale puisque c’est lui qui va être la première pierre d’un projet sportif, c’est ça?

L’entraîneur c’est à la fois le visage et la communication de « son » club! C’est lui qui communique avec l’extérieur, personne ne communique autant avec les médias qu’un entraîneur! Il va impulser une dynamique au niveau du sportif, le coach va donner une identité de jeu à son équipe à la manière de Jürgen Klopp à Liverpool.

Vous expliquez notamment que le coach doit pouvoir être identifié au club, vous citez le cas de figure de Capello au Real qui est champion mais qui se fait virer car le jeu n’est pas au rendez-vous et dans le cas inverse un Jürgen Klopp rentre parfaitement dans le moule de Liverpool.

L’exemple de Klopp me semblait vraiment intéressant! C’est un entraîneur très humain et proche des gens, ce sont des qualités qui se retrouvent à Liverpool qui est une ville ouvrière où on connait la valeur du travail et de l’effort, je pense que Klopp est en symbiose avec les valeurs de Liverpool.

Derrière un bon entraîneur y a souvent un directeur sportif et des statistiques qui sont à disposition via Opta Team notamment, c’est vraiment possible de se tromper en recrutant un joueur qu’on a observé au préalable?

On a beau essayer de réduire la marge d’erreur au maximum avec la « data » il y aura toujours des éléments qui ne vont pas être contrôlable notamment avec les joueurs à potentiel. Il est très difficile de se projeter et de dire avec certitude qu’un joueur de 14 ans très prometteur va forcément être aussi bon à 18-20 ans. Le football reste une science inexacte malgré un grand nombre d’expertises qui sont à la disposition des clubs, aujourd’hui personne n’a trouvé la formule magique pour être certain d’être toujours dans le juste en termes de recrutement de joueurs.

Dans ce recrutement quel est le rôle de l’entraîneur?

Le système où l’entraîneur décide de qui recruter est de plus en plus rare car si il faut gérer le mercato, la préparation physique, la préparation des matchs, c’est  compliqué pour un seul homme! À Séville il y a Monchi (Le directeur sportif) qui tente de couvrir le plus de terrains et qui recrute qu’avec un certain profil indépendamment de l’entraîneur qui est en place. Pour résumer l’entraîneur doit savoir déléguer.

Donc un bon coach c’est (aussi) un bon staff technique?

Christophe Galtier nous avait dit que c’était quelque chose qu’il avait apprécié lorsqu’il était passé à Lille, pouvoir se concentrer que sur la préparation de son équipe c’est essentiel pour lui. Il y a eu une évolution des clubs qui se sont ouverts à des pistes extérieurs comme des nutritionnistes ou des spécialistes du sommeil et c’est très bénéfique pour tout le monde à condition d’avoir une bonne synergie entre les différents pôles, il est essentiel que tout ce staff puisse être écouté au sein du club.

Vous expliquez aussi dans votre livre qu’il y a aujourd’hui beaucoup de données dont un coach peut se servir…

C’est le boulot d’un data analyste, il faut prendre les informations et réussir à les lire et à que ce soit applicable sur le terrain et de rationaliser la matière. Un des problèmes dans le football est la prise de décision sous le coup de l’émotion au mépris de la réflexion.

Dans l’analyse tactique vous avez plusieurs thématique notamment comment attaquer un bloc bas ce que Servette a l’habitude de rencontrer régulièrement…

C’est une des parties la plus difficile tactiquement parlant, dans le livre on a Alain Casanova qui explique comment s’en sortir via le jeu de position tandis que Olivier Dall’Oglio suggère de construire depuis l’arrière. Pour attaquer un bloc bas c’est l’aspect collectif qui va jouer et notamment le placement, surtout si on n’a pas une individualité capable de débloquer un match. On parle aussi de courses qui peuvent « éliminer » l’adversaire ou mobiliser un adversaire et donc libérer un espace et l’exploitation de la largeur. C’est  le bloc bas qui nécessite la plus grande réponse collective généralement, l’équipe qui attaque va devoir trouver des solutions et on en revient à la préparation collective et tactique d’un match: Si on est bien préparé on arrive à trouver des réponses.

Dans le livre vous avez aussi un petit passage qui explique « comment gagner quand on est nul » je cite: « La vraie victoire quand on est nul est de dépasser ce stade de la condescendance générale pour créer des complicités avec ses coéquipiers,  rester sobre et donner l’impression qu’on remplit un vide au point que personne ne pense à votre niveau réel » j’adore!

(Rires) C’était un petit pas de côté mais finalement gagner ne veut pas dire la même chose pour chaque joueur donc y a aussi un peu d’humour dans ce livre!

* En collaboration avec Raphaël Cosmidis,  Christophe KuchlyPhilippe Gargov