Une histoire ayant fait le tour du monde s’est déroulée lors d’un match du club Grenat à Schaffhouse contre le club local, tout juste promu en Super League. Retour sur ce moment qui donne encore des frissons aujourd’hui.
Des cris de joie, l’exultation des supporters, une main en l’air puis le silence. Une vision atroce envahie les supporters au Breite ce jour-là. Car oui, les cris de douleur de Paulo Diogo s’expliquent par son doigt mutilé lors de sa célébration. Mais que s’est-il passé ?
En ce soir de décembre 2004, le Servette FC se déplace sur le terrain du FC Schaffhouse pour la 17ème journée du championnat Suisse. Le club est dans un sale pétrin et la menace d’une faillite plane déjà au-dessus des pensionnaires du Stade de Genève. Mais les Grenats jouent le match à fond et à la mi-temps, le score est déjà de 0-2 pour Servette. Après la réduction du score de Schaffhouse, c’est à la 87ème minute que Servette va marquer le troisième but. Seul contre 4 Grenats, le gardien de l’équipe suisse-allemande ne peut rien faire lorsque Paulo Diogo offre le but à Jean Beausejour, face au supporters Grenats, derrière le grillage en métal du stade. L’équipe exulte et Diogo part remercier les supporters dans ce moment euphorique. Il grimpe sur le grillage puis en redescend en sautant.
(Diogo horrifié par sa blessure)
C’est à ce moment là qu’il remarque
sa terrible blessure, suivie d’une douleur insupportable : « Oui,
mais je l’ai ressentie surtout dans la tête. J’avais perdu un doigt -amputation
de la phalange de l’annulaire gauche- et ça été un choc terrible. » témoigne-t
’il pour l’article de Coopération*.
(L’arbitre a averti Diogo pour “célébration excessive”)
Le doigt donc mutilé,
il lève la main pour appeler les soigneurs et faire signe à l’arbitre. Celui-ci
décide pourtant de lui infliger un carton jaune en guise d’avertissement pour
sa célébration.
Un geste qui aujourd’hui nous
parait ridicule compte-tenu de la situation. Diogo dut évidemment sortir du terrain
et est parti en direction de l’hôpital de Zurich.
Selon le mythe, son doigt a même
été retrouvé par les stewards du stade, mais la reconstitution s’avéra impossible,
le joueur dut se faire amputer d’une phalange.
L’après-blessure
(Aujourd’hui il est entraîneur et entrepreneur)
Paulo Diogo est avant tout un
footballeur et ce n’était pas cette blessure qui allait le faire arrêter de
jouer. En effet, suite à la faillite du club Grenat, il rejoint en 2005 le FC
Sion, un mauvais choix, il y jouera très peu et partira une année plus tard
pour rejoindre : le FC Schaffhouse, drôle de coïncidence. Puis il finira
sa carrière professionnelle là où il l’a commencé, au Lausanne-Sport.
Aujourd’hui le football fait
toujours partie de sa vie, il a d’ailleurs entrainé plusieurs équipes en
division inférieur depuis 2010 (Dardania Lausanne en 2ème ligue inter
et Forward Morges en 2ème ligue) et depuis septembre 2018, il
entraine le FC Amical St-Prex en 2ème ligue inter. Mais, le
football, il ne le fait plus comme métier.
Quand on lui demande si ça lui
dérange quand on parle de sa blessure, il répond : « Oui et non.
Parfois, on oublie que j’ai été avant tout footballeur. »*.
Mais sa blessure hors du commun reste un fait marquant de l’histoire de Servette et cela fera peut-être réfléchir à deux fois, à l’avenir, les jeunes joueurs du club lorsqu’ils marqueront des buts.
Récemment nommé Président
du club, il est loin d’être méconnu au club et à Genève. Portrait sur Pascal Besnard,
le nouveau Monsieur Servette.
« Paqui » Besnard, voilà
comme on le surnomme. Né à Genève, le 3 mai 1963, il est formé au club, puis y débute
sa carrière lors de la saison 1984-1985. Jeune joueur de l’académie et ayant 21
ans, il débute bien évidemment sa saison sur le banc, mais s’impose rapidement
en tant que titulaire dans l’entrejeu Genevois. Un entrejeu pourtant bien garni
avec des Schnyder ou Decastel. L’équipe de cette saison est fantastique, il
joue par exemple avec Lucien Favre, Umberto Barberis et l’inévitable Alain
Geiger. Ensemble, ils remportent le championnat avec Servette, des débuts très prometteurs.
Tantôt milieu défensif,
tantôt défenseur « Paqui » joue au club du bout du lac de Genève jusqu’à
dans les années nonante, avant de rejoindre l’UGS. Un parcours presque à 100%
Genevois, sans compter sa dernière pige à Yverdon-Sport en 93-94.
Après sa retraite en tant que joueur,
il fit un court passage à la tête de l’équipe du Meyrin FC, une saison
difficile suivie d’une relégation. Ce fût, à notre connaissance, sa seule expérience
en tant que coach d’une équipe.
(Ici Besnard, à droite, et Lucien Favre, à gauche, à la lutte pour le ballon)
Après-carrière footballistique
Il faut préciser qu’avant d’être joueur professionnel, Pascal Besnard fît un apprentissage dans le secteur bancaire. Un secteur où il y retourna après sa carrière dans les rectangles verts. Il travailla essentiellement au Crédit Suisse, où il a gravi les échelons jusqu’à devenir en 2016, à 52 ans, responsable de la région de Genève.
C’est aussi une personne engagée,
membre de plusieurs associations en plus de ses responsabilités personnelles.
Président du Servette Football
Club
C’était déjà dans l’air depuis
quelques moments. Il prend donc la présidence du club au 1er Janvier
2020. Sa nomination semble être la suite logique dans l’évolution du club.
Faisant déjà partie du conseil d’administration depuis quelques années, ayant
joué pour le club et ayant même créé le « club 1890 » en soutien pour
le club, il ne fait aucun doute qu’il va apporter quelque chose que le club a
rarement eu à sa tête : de l’expérience dans le football.
Elle semble bien loin maintenant
l’époque des présidents instables, mégalomanes ou flambeurs. Place aujourd’hui
à la stabilité.
Les joueurs viennent puis partent, les présidents changent, les stades se détruisent et se construisent, mais les supporters eux sont toujours là. Voici une idée bien encrée dans nos têtes. Mais est-ce vraiment le cas ? Enquête sur l’affluence du club du bout du lac au travers des époques.
Le Servette Football Club (et non le Servette de Genève, n’en déplaise à quelques collègues de Teleclub Sport) est un club très populaire, tant à Genève qu’à travers la Suisse. Beaucoup sont ceux nostalgiques de l’époque du Stade des Charmilles et beaucoup sont ceux aujourd’hui à se plaindre du peu de supporters présents au Stade de Genève (La Praille), pour les matchs du club. Certains n’hésitent pas à parler d’une certaine époque où « beaucoup plus de gens allaient au stade ». Le stade de La Praille sonne creux, certes, mais les questions suivantes peuvent tout de même se poser : Le club a-t -il perdu des supporters ces vingt, cinquante ou même cent dernières années ? Pourquoi un club aussi « populaire » joue dans un stade aussi vide ? Et surtout : Il y avait-il vraiment plus de monde au stade avant ?
Des questions pour lesquelles le seul moyen d’y répondre est d’aller
consulter les archives, pour mieux se rendre compte de la ferveur du club dans
sa ville. Que ce soit pour les matchs de championnats, de coupes ou européens.
Nous allons aussi essayer d’analyser si ce sont les mauvais résultats du club
et les relégations qui ont poussé les supporters à « déserter » le
stade.
Parc des Sports
1902-1930
Difficile de trouver des archives avant 1945, cependant grâce à quelques sources, nous pouvons aujourd’hui en avoir une toute petite idée. Pour les débuts du club, il faut dire qu’il n’a pas commencé tout de suite à jouer dans un stade. Après sa création, le club dut trouver un terrain où jouer leurs matchs. Après un bref passage sur la Plaine de Plainpalais et ensuite dans les alentours du Cayla, ce fût au Parc des Sports que tout commença vraiment.
(Inauguration du Parc des Sports le 31 mars 1901)
Les données récoltées disent que de 1902 à 1930, le club réuni plusieurs fois plus de mille personnes pour certains matchs, par exemple contre le FC Genève, un derby visiblement apprécié, qui réunit 1’200 spectateurs en 1912, puis en 1913, il y eût 1’000 spectateurs ainsi qu’un « record » pour l’époque, le 22 octobre 1916, de 2’500 personnes présentes.
Le 26 mars 1920, à l’occasion d’un match amical contre le Slavia Prague, il y a eu environ 3’000 spectateurs. Mais la plus grande affluence de cette époque, qui nous est connue, est celle de la finale de la Coupe Suisse, le 25 mars 1928, entre Servette et Grasshopper de Zürich. Une finale gagnée et la coupe soulevée devant 12’000 supporters.
Stade des Charmilles
1930-2003
Inauguré le 20 juin 1930, le Stade des Charmilles devient la nouvelle
maison des Grenats. De 1930 à 1945, on relate quelques grosses affluences
principalement les grosses affiches comme GC ou Young Boys. Les premières dont
nous avons connaissance sont celles contre GC. Par exemple, le 20 novembre 1932,
5’000 personnes sont venues au stade ! On relate aussi entre 7 et 8’000 personnes
pour le même match le 31 mars 1935, puis 10’000 spectateurs en décembre 1937 et
7’500 supporters le 22 janvier 1939. C’est dire si ce n’est un classique !
(Stade des Charmilles)
A partir de 1945, les données deviennent plus complètes. Le nombre de
spectateurs pour chaque match y est référencé. GC continue à faire remplir le
Stade des Charmilles, le 12 octobre 1947 par exemple, avec 13’000 spectateurs.
Hormis l’équipe de Zurich, les Lausannois font vite connaissance des grosses
affluences à Genève, ainsi que les grosses défaites, les 20’000 personnes
venues voir le derby du lac ont dû apprécier la victoire de 5 buts à 1 en demi-finale
de la Coupe Suisse. Une coupe que les Grenats soulèveront par la suite au Stadion
Wankdorf à Berne en 1949.
En 1958, c’est cette fois une équipe anglaise qui fera venir les
foules. En effet, Wolverhampton fit se déplacer 16’200 personnes lors d’un
match amical.
Il y a eu un autre match qui a fait bouger les foules durant cette décennie. Cet autre match, fût le derby contre UGS. On relate qu’à la fin des années 50, les affluences records des saisons sont les derbys entre clubs Genevois. D’abord 12’000 personnes en mars 1956, puis le même nombre de spectateurs la saison suivante lors du match en novembre et encore 10’500 supporters venus pour la demi-finale de la Coupe Cantonale en 1959.
Mais Servette va connaitre ses plus grandes affluences lors des années
60. Lors de la confrontation contre le Dukla Prague, le 5 novembre 1961, 26’000
supporters se sont rendus au stade pour le match en Coupes de Champions de l’UEFA.
Puis 27’000 personnes contre les Lausannois en septembre 1962.
Dans les années 70, les Lausannois seront les mieux reçu aux Stade des
Charmilles, entre dix et vingt mille personnes à chaque match. On y assiste
aussi à des beaux matchs contre des clubs européens, tels que Liverpool (20’000),
Cardif City (21’500), l’Atlético Bilbao (18’500), Dusseldorf (23’000) et Dynamo
Berlin (20’000).
Ensuite de 1980 à 1998, les Genevois ne verront plus qu’une seule fois
leur affluences atteindre les 20’000 personnes, ce sera contre Bordeaux, le 3
novembre 1993, en Coupe d’Europe.
Il faut dire qu’en 1998, pour répondre aux normes de sécurité européennes, le stade devient totalement assis. A partir de ce moment-là, il ne pourra accueillir plus qu’environ 9’250 personnes.
Malgré le nombre de places réduites, l’affluence moyenne ne change pas
pour autant. En comparaison, lors de la saison 95-96, il y a eu une moyenne de
5’211 spectateurs et en 98-99 la moyenne était de 5’120.
Servette jouera aux Stade des Charmilles jusqu’à fin 2002, le dernier
match s’étant déroulé le 8 décembre devant 9’293 supporters grenat, avant de partir
sur la rive gauche.
Stade de Genève (La Praille) : 2003-Aujourd’hui
Viens donc le nouveau stade, le troisième plus grand du pays avec 30’000 places. Inauguré lors du premier match de l’année à domicile face au Young Boys, le stade est rempli. Un nouvel engouement populaire ? Le stade sera t’-il rempli toutes les deux semaines ?
(Le Stade de Genève lors du match contre Lausanne en mai dernier)
Malheureusement, ce ne fût qu’un écran de fumée. Le match suivant à
domicile se déroula devant 7’000 personnes, comme quand l’équipe jouait aux
Charmilles.
Les
saisons 2003-2004 et 2004-2005 ne furent pas trop mal en termes d’affluence avec
9’211 de moyenne lors de la 1ère saison (pique de 18’825 contre Bâle)
et 8’583 lors de la 2ème (11’223 contre Xamax). Mais la première
faillite de l’histoire du club fera chuter ces chiffres.
Ensuite
la barre des 3000 spectateurs de moyenne ne sera plus dépassée avant 2011 avec le
retour en Super League. La promotion face à Bellinzone, reste aujourd’hui la
rencontre ayant connu la plus grande affluence au stade pour Servette depuis
son inauguration, 23’338 personnes étaient présentes au stade ce jour-là.
La
saison 2011-2012 est la saison la plus prolifique en termes d’affluence de l’histoire
du club, avec 10’696 supporters de moyenne par match ! Il faut remonter à
la saison 1976-1977 pour retrouver une telle performance, avec une moyenne de
supporters de 10’343 par match.
Et
aujourd’hui ? Le bilan en fin 2019 à la mi-saison est très positif, après
le 1er et 2ème tour, le club accueille en moyenne 7’424 spectateurs
par match. Une belle performance pour le club.
Analyse :
Trop de données, c’est bien, mais pour ne pas se casser la tête avec
des chiffres, des graphiques s’imposent. Pour se rendre vraiment compte voici
des graphiques par tranche de 10 saisons :
Durant ces 10 saisons, de 1945 à 1955, Servette a gagné deux titres. Deux titres de champion Suisse, le premier lors de la saison 45-46 et le deuxième celle de 49-50. Pourtant, on constate un pic lors de la saison 1952-1953 avec une affluence moyenne de 8653 spectateurs par match. La raison ? Bonne question. Cette saison-là s’est bien passée, les Grenats ayant fini 4ème du championnat et ayant été jusqu’en demi-finale de la coupe Suisse avant une défaite contre l’inévitable Grasshoppers de Zürich, devant 18’000 personnes aux Charmilles. Le très bon début de saison du club a attiré les foules, avec une moyenne de 10’928 personnes par match jusqu’à la mi-saison. Mais le club n’ayant gagné aucun titre cette saison, il s’agirait donc surtout du beau jeu des Grenats de cette époque qui a fait se déplacer les supporters.
Champion Suisse lors de la saison 1960-1961, la hausse de la fréquentation du stade s’est clairement faite ressentir selon ce graphique. La saison suivante, le club gagne une deuxième fois le championnat d’affilé, l’affluence affiche tout de même une légère baisse, passant de 9’161 personnes de moyenne à 8’746.
Mais les hausse n’est pas due uniquement grâce aux performances du
club sur la scène nationale, car Servette commence justement à connaitre les
matchs européens à cette époque-là.
On relate, sur ce graphique entre 1965 et 1975, un pic lors de la saison 69-70. Sachant que le seul titre national lors de cette décennie est celui de la coupe Suisse en 1971, pourquoi cette hausse d’affluence une saison avant ?
Quand on compare les saisons 68-69, 69-70 et 70-71, le club a fini 8ème, 7ème et encore 7ème en championnat. En coupe, il y a eu de belles performances aussi, s’étant hissé jusqu’en demi-finale deux fois avant d’atteindre la finale et de la gagner. Mais il n’eut, niveau statistique, aucune différence notable pour expliquer cette augmentation.
En tout cas,
la question se pose, un article de presse de l’époque (ci-dessus) en fait
référence. Peut-être la moyenne est faussée par le derby lémanique, qui a
accueilli 21’000 spectateurs le 26 septembre 1969.
La saison 76-77 connaîtra la deuxième plus grosse affluence moyenne de l’histoire du club, avec 10’343 personnes par match. Il faudra attendre 2011 pour battre ce record.
On peut apercevoir surtout une baisse lors de la saison 81-82. Il est
clair qu’après le formidable quadruplé de l’année 79, la 7ème place
du club durant cette saison a dû en décevoir plus d’un.
Il est en tout cas intéressant de voir que même après 1979 et les plus belles heures de gloire du club, l’affluence ait été en légère baisse. Les Genevois semblent être un public difficile, si l’équipe ne gagne pas, ils ne se déplacent pas, si l’équipe gagne souvent, ils s’y habituent et ne se déplacent plus. On le constate d’autant plus avec le titre de 84-85 et le graphique suivant.
Car cette décennie là commence avec des petites moyennes de 4’990 puis
4’913 supporters par match. Puis comment expliquer que la saison 91-92 attire
plus les foules que celles du titre en 93-94 ? Surement par le fait que
Servette est allé en demi-finale de coupe Suisse. Les spectateurs doivent plus apprécier
les matchs de coupe à élimination directe.
De 1995 à 2002 la moyenne est restée drôlement stable, avec environ 5’000 supporters par match. Le Stade des Charmilles, même après être devenu totalement assis, remplit très bien sa tâche jusqu’à son dernier match. Puis vient donc le Stade de Genève, avec ses infrastructures et ses 30’000 places, il attire indéniablement plus de gens au stade. Les chiffres ne mentent pas. La première saison complète à La Praille se conclu avec 9’211 supporter par match. Un record depuis la saison 76-77. Puis en 2005 vient donc première faillite de l’histoire du club.
De la 1er Ligue à la Super League, en 10 ans le club aura
tout fait. Il aura joué devant 800 personnes comme devant plus de 23’000. Ayant
connue la pire affluence moyenne de l’histoire, 1’488 spectateurs/match en
07-08, ainsi que la meilleure de tous les temps, 10’969 spectateurs/match 11-12.
La population du Canton semble suivre les hauts et bas de leur club,
présente quand ça va et absente quand cela ne va pas.
Pour ceux qui trouveraient le stade « vide » actuellement,
sachez que le club a déjà réuni 66’814 personnes au stade à la mi-saison,
contre 77’888 au total la saison dernière. Avec actuellement une moyenne de 7’424
supporters par match, le club effectue l’une des meilleures performances de ces
vingt dernières années.
Conclusion
Dire que le club a perdu des supporters est un grand mot. Les Genevois
sont difficiles, comme nous le citions plus haut, à force de perdre ou de
gagner, ils se lassent et ne vont plus au stade. Cependant, le club a gardé un
bon nombre de fervents supporters. Ils ont toujours été là, à travers les époques.
En faisant la moyenne par décennie, les chiffres varient entre 6’000 et 8’000 supporters
de moyenne, hormis après 2005. La faillite et les relégations ont certes porté
un coup dur aux Grenats, mais nous relatons que dès que ça va mieux, les
affluences augmentent.
Le Stade de Genève sonne creux actuellement, cela n’étonnera personne,
mais il est logique de remarquer que le stade est trop grand pour les Grenats.
Même lors des plus grands évènements du club, le Servette n’a quasiment jamais
attiré plus de 25’000 personnes. Hormis l’inauguration du stade, sa plus grande
affluence reste le match contre Bellinzone. Il faut dire aussi que les caméras
de télévision filment en permanence la Tribune Est, une tribune souvent très
peu remplie, le stade à donc l’air beaucoup plus vide à la télévision que pour
un supporter dans le stade.
La dernière question que nous nous posions, était de savoir s’il y
avait, ou pas, vraiment plus de gens au stade lors du dernier siècle. Il n’est
pas si facile d’y répondre que ça en à l’air. Car, avant les années 2000, le
club n’a jamais évolué en division inférieur depuis que nous avons des
statistiques précises. Il est en tout cas important de remarquer que sur les saisons
en Super League au Stade de Genève (actuellement 4 saisons), les affluences ont
toujours été entre 8’000 et 10’000 spectateurs de moyenne sur la saison.
Il est clair que compte tenu de l’augmentation de la population dans le
canton et ses environs, le nombre de supporters aurait pu augmenter aussi.
Cependant, nous sommes dans une autre époque, où nous pouvons regarder les
matchs depuis notre salon, en direct, ou à d’autres moments ou encore juste
suivre les « livescores » via les applications. Plus besoin nécessairement
donc de se déplacer au stade.
Le prix des places au stade sont aussi parfois contraignantes, un père
de famille désirant regarder un match calmement en Tribune Latérale avec son
enfant doit généralement dépenser entre 50 et 65 CHF, même si le club a fait
quelques efforts là-dessus en créant une « Tribune » avec des tickets
« Family » à 25 CHF.
Il est pourtant évident qu’actuellement on remarque un regain populaire auprès des citoyens du canton, avec une bonne communication marketing, du temps, des victoires et, peut-être, des titres, il ne fait aucun doute que le peuple se déplacera de plus en plus pour voir son équipe jouer. Servette peut en tout cas compter sur son « 13ème homme » pour, qui sait, remplir de quelques lignes le long palmarès du club et marquer à nouveau l’histoire du football Suisse !
Sixième épisode avec Alex Frei. Le meilleur buteur de l’histoire en Équipe de Suisse revient sur sa carrière, durant laquelle il a inscrit 300 goals. L’attaquant de 40 ans évoque aussi ses passages à Rennes et Dortmund, avant de terminer son parcours à Bâle.
En cruel manque d’efficacité
offensive, les attaquants ont bien de la peine à se démarquer en cette saison
du retour en Super League. Je vous propose donc de revenir sur ces bons et
moins bons attaquants passé par le club.
Aujourd’hui hormis peut-être Schalk,
qui a fait un bon match contre Sion, aucun attaquant ne sort du lot. Kyei,
certes arrivé tard dans le mercato, vient enfin d’inscrire son premier but mais
montre quelques lacunes techniques, notre Koro Koné, en qui beaucoup en faisaient
notre titulaire indiscutable cette saison, n’a pas encore marqué, n’a pas fait
un seul bon match et est actuellement blessé… et puis il y a Chagas, qui
était un très bon joker, mais aujourd’hui ne fait plus la différence, pire il
est souvent totalement invisible.
Mais trouver un attaquant est une
tâche difficile. Même les grands clubs, qui peuvent sortir le chéquier pour
s’en offrir, font souvent des erreurs de casting. Alors, quand on est tout de
même un grand club mais sans argent, il faut faire des paris. C’est ce qui est
le cas pour Servette depuis de nombreuses années.
Je vous propose aujourd’hui donc,
de se replonger dans ces moments où nous avions cru dégotter notre grantatakan.
Souvent des coups de poker, peu ont très bien marché et beaucoup ont été des
flops. En voici donc quelques-uns :
Dominique Malonga
Dominique Malonga à l’entraînement.
Arrivé pour remplacer un certain Jean-Pierre
Nsamé, Dominique Malonga arrive au club du bout du lac de Genève à la fin du
mercato de l’été 2017. Un pari de l’entraineur de l’époque sur ce joueur de 28
ans, formé au Tours FC et à l’AS Monaco. Il a beaucoup changé de clubs durant
sa carrière mais à toujours marqué dans les clubs où il a évolué.
Ex-international espoir français U19, il a 8 sélections avec l’équipe national
du Congo. Tout semble dire qu’il s’agit d’un bon pari. Beaucoup y mettent de
l’espoir en lui et y voient (déjà) le futur Nsamé. Prêt à enquiller les buts en
Challenge League.
Malheureusement tout espoir en
lui disparait assez rapidement. Il rentre quelques fois en match durant le 1er
et le 2ème tour, puis à partir du 3ème tour il ne sera
plus jamais convoqué avec l’équipe première, il jouera le plus souvent avec les
M21 du club.
Il finira sa première saison au
club avec 7 matchs, 99 minutes de jeu et zéro but. En juin 2018, il est libéré
par le club.
Goran Karanovic
Goran Karanovic lors de la saison 2011-2012.
« Je serai venu à pied pour
jouer avec Servette » Voici une des déclarations de Karanovic lors de son
arrivée au club. Après une saison à Kriens prêté par Lucerne, Goran débarque
chez nous lors de la saison 2010-2011.
Jeune et technique, sa première
saison fût marquée par une deuxième place en Challenge League avec le club et
la fameuse montée contre Bellinzone en barrage. Pour lui se fut une première
saison « d’adaptation » avec 8 buts et 3 passes décisives. A 24 ans
et après cette bonne saison il se prépare donc à retrouver la Super League.
Sa deuxième saison, 8 buts
(co-meilleur buteur du club en championnat) et 3 passes décisives, et sa
troisième saison, 7 buts (meilleur buteur du club), furent bonnes malgré les
résultats du club. Il déclare lui-même avoir beaucoup évolué lors de son
passage à Genève et qu’il le gardera toujours dans son cœur. Personnellement, je
garde un très bon souvenir de lui, ce n’était peut-être pas un serial-buteur,
mais il s’est toujours beaucoup battu pour le club. Sans oublier son doublé
après avoir écrasé les sédunois 4-0 à la maison, alors que le club n’allait pas
très bien à ce moment-là.
Il quitte le club après la
relégation en 2013, après 3 ans chez les Grenats.
Carlos Saleiro alias « Calimero »
Carlos Saleiro ou le flop légendaire.
Formé au Sporting et étant
Portugais, Carlos Saleiro a quelques points communs avec un certain Cristiano
Ronaldo, ils ont dû même se croiser quelques fois au club lorsque les deux y
jouaient. Il y en a un seul qu’ils ne doivent pas avoir en commun pourtant, le
talent.
Arrivé au Servette FC en 2011,
après avoir été prêté dans tout le Portugal par le Sporting, il arrive donc
avec l’étiquette de bonne pioche. Ayant fréquenté toutes les sélections du pays
en jeunes (U17, U18, U19, U20, U21 et U23) et avec plus de 60 matchs en
première division portugaise, dont 27 durant la saison 2010-2011, on est
impatient de voir ce qu’il va apporter.
Pourtant, tout ne se passe pas comme
prévu, son premier match n’a lieu que le 22 septembre 2011. Puis fin novembre,
il se murmure que le joueur est arrogant envers ses coéquipiers et très peu
humble en se trouvant par exemple « trop bon pour jouer sur un
terrain comme celui de La Praille ». Ses statistiques pourtant ne jouent
pas en sa faveur, il ne marque pas de but, sur le terrain ou en dehors il ne
semble pas investi et c’est surement pour cela qu’il ne jouera plus après
février.
La « starlette » donc
finira sa saison avec 7 matchs, 0 but et 1 passe décisive. Un très maigre bilan
pour un joueur qui se qualifie comme au-dessus du lot.
Karl-Heinz Rummenigge
Un double ballon d’or sous la tunique grenat.
Si vous suivez le football, ce
nom vous est forcément familier. Il y aurait tellement de choses à dire sur lui
que ces quelques lignes ne suffiraient pas, il mériterait plus qu’un article
pour sa carrière et il y en aura forcement un sur son passage au Servette. Mais
que dire en quelques lignes ?
Arrivé libre de l’Inter Milan en
1987, beaucoup pensent qu’il vient pour une retraite dorée. Il déclare lui-même
avoir eu de meilleures offres financières et avoir choisit Genève pour
découvrir quelque chose de nouveau. Mais que nenni, la star internationale dit
vouloir tout donner pour le club et ce ne sera pas des paroles en l’air.
Il conclu sa première saison avec
10 buts en 19 matchs. Puis lors de sa deuxième saison Servette ne finit que 8ème
du championnat et ce malgré ses excellentes statistiques, 25 buts en 37 matchs,
alors qu’est-ce qu’il en aurait été sans
lui ? Ce fût donc une très bonne pioche, qui aura beaucoup apporté et il
finira sa carrière au club après ces 2 saisons. Malgré un passage court, il
reste très attaché à notre beau club et n’a pas hésité à féliciter l’équipe en
mai dernier après la promotion. Aurait-il soufflé le nom de Servette à Ribéry
comme destination au lieu de la Fiorentina ?
Junior Moukoko
Junior Moukoko en discussion avec Pascal Dupraz
Arrivé en 2007 au club, Junior
Moukoko est un jeune Congolais formé tout d’abord à l’AJ Auxerre puis à
Châteauroux. Il jouait à Croix de Savoie
avant d’être recruté par le club. Recruté surtout grâce à un retourné
acrobatique lors d’un match amical de pré-saison (comme quoi n’importe quel
joueur amateur aurait pu être recruté par le club à cette période), Junior fit
une première saison très moyenne au club avec 9 buts en 25 matchs de
championnat.
Très combatif sur le front de
l’attaque, Junior manque toute de même d’efficacité dans le dernier geste. Il a
pu profiter de certaines blessures (Tréand) et départ (Esteban) pour beaucoup
jouer. Sa deuxième saison fût presque catastrophique, avec 10 petits matchs
pour seulement 1 but.
Il quitte ensuite le club en
Janvier durant le mercato hivernal pour rejoindre le FC Libourne et on
n’entendit plus parler de lui par la suite.
Voici donc la fin de ce petit
format et de ce petit tour des attaquants recrutés par le club. Bien évidemment
je passe à côté de pleins d’autres (Nsamé, Kader, Alphonse, etc), mais cela
nous permet de nous remémorer ces petites perles et de peut-être relativiser.
La vie de supporter est terrible, il suffit d’un mauvais match pour haïr un
joueur et d’une aile de pigeon pour passer de basketteur à crack.
Un des nombreux valaisans ayant joué pour le Servette FC. Voici le
portrait d’Umberto
Barberis alias « Bertine », l’un des nombreux sédunois
qui a donné au club ses plus grands moments de gloire.
Mais qui était ce petit gaillard d’un mètre septante et avec le
numéro 6 sur le dos célébrant le quadruplé exceptionnel lors de la saison
1978-1979 du Servette FC ? Ce n’était personne d’autre qu’Umberto Barberis !
Né le 5 juin 1952 à Sion d’une famille d’origine italienne, il est formé dans
l’équipe locale où il s’y impose et y joue 101 matchs de championnat suisse
pour 16 buts. Il rejoint par la suite le grand (mais pas aussi que notre beau
Servette FC) Grasshopper-Club Zürich, où il marque 6 buts en 26 matchs, qu’il
quitte après une petite saison pour le Servette FC en 1976.
8 titres en 4 saisons
Ah la bonne époque des vignettes Panini du Servette FC !
Il arrive donc à Genève en 1976, milieu infatigable et d’un grand
talent, il s’impose dans l’équipe du bout du lac dès sa première saison avec 17
buts en 32 matchs. Il marque donc beaucoup de buts et contribue pleinement à la
deuxième place obtenue par le club cette année-là.
Son année la plus réussie chez le pensionnaire du Stade des
Charmilles est celle de 1978-1979. A-t-on vraiment besoin de rappeler aux
supporters ce qu’il s’est passé cette saison-là ? Non, mais faisons-nous tout
de même un peu plaisir. Aidé par les Pfister, Didi Andrey, Elia et Hamberg, le
club rafle tous les titres sur la scène nationale. La coupe des Alpes, la coupe
de la ligue, le championnat et la coupe de Suisse finissent toutes dans la
salle des trophées du club servettien.
Ils effectuent aussi un beau parcours en coupe d’Europe, où ils auraient clairement pu aller jusqu’au bout, sans une double contre-performance contre le Fortuna Düsseldorf. On se rappellera surtout du match contre l’AS Nancy-Lorraine de Michel Platini (absent) et une action en solitaire dans les 16 mètres effectuée par Barberis, où il se débarrasse de ses adversaires dans un mouchoir de poche pour centrer le ballon qui finira sur la tête d’Hamberg qui marquera le premier but. Puis il marquera le but du 2-1 de la tête sur un corner d’Andrey.
L’action en question se trouve à 1:41.
Cette saison-là « Bertine » a brillé dans toutes les
compétitions, avec comme exemple un but dans les dernières minutes contre
Nordstern Basel en quart de final de la coupe Suisse, faisant le but du break
et qualifiant donc le club pour la suite de la compétition. Sans oublier aussi
son but en finale de la même compétition dans le deuxième match opposant
Servette à YB, permettant au club de remonter au score après la mi-temps, de
gagner le match et donc de soulever le trophée.
Après cette année, Barberis effectue une saison supplémentaire au club, ponctuée de 16 buts en 33 matchs, avant de s’envoler pour l’AS Monaco et le championnat de France.
Umberto Barberis avec l’équipe de Suisse.
Avec le maillot à croix blanche, c’est tout de même plus
difficile. La sélection étant dans l’un des pires passages de son histoire,
elle ne gagne que très peu de match ou fait souvent des matchs nuls. Il connait
ses premières sélections en 1975. A la fin de sa carrière, il aura participé
tout de même à 54 sélections pour un total de 7 buts.
Retour aux sources
« On n’est jamais aussi bien que chez soi ». C’est ce qu’a dû se
dire Barberis après 3 ans sur le Rocher. Pourtant élu deux fois d’affilées
comme le meilleur joueur étranger du championnat de France, il décide en 1983
de retourner au bercail. Il revient et prend cette fois le numéro 10, le numéro
6 appartenant dorénavant à un défenseur central, un certain Alain Geiger. Il
revient aussi dans un championnat à 16 équipes, contre 12 précédemment. N’ayant
plus gagné le championnat depuis 1979 et ayant fini deux fois à la deuxième
place, Servette compte sur le retour du prodige pour changer la tendance.
La saison de 1983-1984 se passe bien, surtout personnellement,
avec 16 buts en 33 matchs, Bertine montre l’étendue de son talent. Servette
perd malheureusement le championnat de justesse et finit encore deuxième. En
coupe Suisse, dès son retour il aide l’équipe à atteindre la finale, où ils en
ressortent vainqueurs avec un seul but d’écart signé Alain Geiger.
Puis lors de la saison 1984-1985, il marque 9 buts en 29 matchs et
aide le club à conquérir le championnat Suisse, un titre qui échappait aux
grenats depuis 5 saisons.
Il finit donc sa carrière au Servette FC, puis y reste en tant
qu’entraineur adjoint avant de s’envoler pour une carrière d’entraineur. Une
carrière qui le ramènera plus tard au club des supporters Grenat, lors de la
saison 1995-1996. Mais ça, c’est une toute autre histoire.