L’épopée européenne de 2001-2002

L’épopée européenne de 2001-2002

Nous sommes en septembre 2001 : Servette a entamé sa saison avec 4 victoires, 3 nuls ainsi que 3 défaites et s’apprête à débuter une nouvelle campagne en Coupe UEFA, obtenue grâce à la victoire en Coupe la saison dernière. Les Grenat, emmenés par l’actuel coach du Borussia Dortmund Lucien Favre, est composée d’anciens qui ont connu le titre de 99 (Pédat, Fournier, Lonfat et Wolf) et de jeunes espoirs qui deviendront des noms par la suite au sein de la Nati (Frei et Senderos). On pourrait citer Hilton ou Oruma comme autres joueurs fameux mais il y en avait tellement au sein de cet effectif qui voulait faire mieux que la cinquième place de l’an dernier.

Exemptés de tour préliminaire, Servette commence son premier tour face au Slavia Prague, vice-champion tchèque qui vient d’être reversé en C3 suite à leur élimination au troisième tour qualificatif contre la Panathinaïkos. Les Sešívaní, qui signifient ”les cousus”, comptent dans leurs rangs des joueurs comme Jan Suchoparek et Pavel Novotny, finalistes de l’Euro 1996 cinq ans auparavant. Le match aller a lieu quelques jours après les événements du 11 septembre, plus précisément le 20 au Stade des Charmilles. Durant une rencontre ou les occasions viennent de part et d’autre, c’est Wilson Oruma qui délivre tout le stade à un quart d’heure du terme pour permettre aux servettiens de s’imposer sur la plus petite des marges.

Le match retour a lieu une semaine plus tard au Stade Evzena Rosickeho devant une affluence digne des plus belles de la Pontaise (3000 spectateurs). Servette veut directement se mettre à l’abri et c’est ce que fait l’équipe genevoise, qui jouait en bleu ce soir-là, juste avant la quinzième minute de jeu par l’inévitable Wilson Oruma. Le champion olympique 1996 reprend du gauche à l’entrée des seize mètres pour ouvrir la marque et place son équipe sur orbite. Malgré un poteau trouvé par Dill, c’est le Slavia qui va égaliser à la 89e par Petrous, après avoir touché aussi les montants. Le score ne bougera plus et c’est donc le SFC qui se qualifie logiquement.

Le tirage au sort du deuxième tour offre un sympathique déplacement dans la capitale de l’Aragon Saragosse. Le Real Zaragoza s’est sauvé de justesse en Liga la saison dernière (17e et premier non-relégué) mais a remporté la Coupe du Roi en disposant du Celta Vigo en finale (3-1) pour pouvoir disputer la C3, durant laquelle ils ont éliminé Silkeborg sur le score de 5-1 dans les deux confrontations. Pourtant, les Blanquillos restaient sur une belle 4e place en 2000 devant le Real Madrid mais grâce à leur victoire en Champions League, la Maison Blanche leur ravira la dernière place qualificative en C1, mais revenons à notre rencontre du 18 octobre 2001.

Dans une Romareda à moitié garnie (18’000 spectateurs), c’est Servette qui entame de la meilleure des façons la rencontre avec un premier pétard d’Oruma (encore lui) dévié sur le poteau. Servette est clairement la meilleure équipe sur le terrain et mériterait d’ouvrir la marque. On pense que cela va intervenir à la 51ème minute de jeu lorsque Alex Frei allume Lainez qui relâche le ballon entre ses jambes et qui roule lentement ver mais malheureusement Esquerdinha dégage le ballon juste sur la ligne. Du côté espagnol, on ne montre rien du tout mais les coéquipiers de Yordi auront la plus grosse opportunité de la partie. Sur un centre de ce même Esquerdinha, Galletti remet pour Juanele qui n’a plus qu’à la pousser dedans mais heureusement pour les genevois ce dernier loupe l’immanquable. Score nul et vierge au final, tout se jouera le 1er novembre.

Dans un Stade des Charmilles comble, on assiste à un match équilibré ou chaque équipe a ses occasions mais n’arrive pas à inquiéter réellement les portiers Pédat et Juanmi. Les Servettiens perdent Sébastien Fournier sur blessure et qui aurait pu être expulsé mais Monsieur l’arbitre en décida autrement. On se dirige gentiment vers une prolongation lorsque Goran Obradovic, sur une contre-attaque, sert ce diable de Wilson Oruma qui se joue de Pablo pour ajuster Juanmi et faire exploser les Charmilles à la 87e minute. Servette sera au rendez-vous des seizièmes tandis que le Real Saragosse terminera lanterne rouge de Liga en fin de saison.

C’est le Hertha Berlin qui se dresse sur la route de Servette en seizièmes. Le club de la capitale a terminé cinquième de la dernière édition de Bundesliga en ratant de peu la qualification en C1. Ils se sont débarassés aisément de Westerlo et du Viking Stavanger par le même score sur les deux confrontations, à savoir 3-0. C’est donc le 22 novembre que le match aller a lieu aux Charmilles entre un Servette qui vient de s’incliner dans le derby du Rhône et un Hertha privé de son portier au jogging Kiraly, que vous avez pu voir lors de l’Euro 2016, et Sebastian Deisler. Au terme d’un match qui aurait pu basculé d’un côté comme de l’autre, le score de 0-0 laisse tout ouvert pour le match retour le 6 décembre à l’Olympiastadion.

C’est donc un Servette FC qui vient d’assurer sa qualification pour le tour final qui se présente sur le pré face à un Hertha Berlin qui reste sur dix matchs sans défaite, notamment le dernier ou les hommes de Jürgen Röber se sont imposés face au Bayern devant 52’000 personnes. Malheureusement, seuls 10’000 personnes ont bravé le froid pour cette rencontre qui voit le Hertha se porter à l’assaut du but de Pédat qui montre qu’il est présent.

Servette est au niveau de son adversaire et va profiter de sa première offensive pour ouvrir le score par l’increvable Vitorino Hilton (43 ans et toujours en activité à l’heure ou j’écris ces lignes !) bien servi sur coup franc par Oscar Londono. Malgré l’expulsion de van Burik, les berlinois assiègent toujours le but adverse mais Eric Pédat dégoûte Marcelinho et ses coéquipiers pour permettre aux Grenat d’être devant à la pause.

Les servettiens vont faire le trou juste après le retour après un contre mené par Londono qui transmet le ballon à Obradovic. Le numéro 10 trouve Alexander Frei qui ne se pose pas de questions. Le coup de grâce sera donné par ce même Obradovic qui reprend victorieusement de la tête un coup franc de ”Piquet” qui s’était écrasé sur la barre et plus rien ne bougera. Le Servette FC vient très certainement de réaliser le plus grand exploit européen de son histoire (Fournier avouera plus tard avoir estimé à 20% les chances de qualification avant le match retour) en éliminant une équipe avec un budget huit fois supérieur au sien. Pour la première fois depuis onze ans, un club suisse sera au rendez-vous printanier des Coupes d’Europe !

Toutefois, le tirage au sort ne fut pas le plus clément pour les Grenat, qui héritèrent du FC Valence qui est à ce moment-là une redoutable équipe sur la scène nationale et continentale. En effet, les hommes de Rafael Benitez restent sur deux finales consécutives de Champions League perdues face au Real et au Bayern et malgré une qualification ratée pour la C1, se bat pour un titre de champion qui le fuit depuis 30 ans et qu’il obtiendront en fin de saison.

Néanmoins, malgré deux qualifications aisées lors de deux premiers tours face au Tchernomorets puis au Legia Varsovie, les Blanquinegros ont été obligés de passer par les tirs au but contre le Celtic, laissant penser qu’un autre exploit des genevois est possible. Malheureusement, la manche aller le 19 février 2002 à Mestalla tournera largement en faveur des coéquipiers de David Albelda qui s’imposent 3-0 grâce à un CSC d’Hilton ainsi que des buts de Pablo Aimar et Salva. Les hommes de Lucien Favre pourront ruminer deux grosses occasions ratées qui auraient pu mettre l’équipe dans une meilleure posture avant le match retour.

Avant ce match retour, les joueurs veulent terminer sur une bonne note mais aucun d’eux n’évoque un improbable exploit. Croyaient-ils vraiment au fond d’eux-même ? Si c’est le cas, leurs espoirs vont vite être douchés par Sanchez dans le premier quart d’heure. Servette pousse face à une équipe valencienne remaniée mais ne trouve pas la faille jusqu’à la 37e minute par Robert. On se dirige vers un score de parité lorsque Angulo ajuste Pédat et glace le 9018 spectateurs présents au Charmilles.

Alex Frei évitera une nouvelle défaite face aux Espagnols en égalisant à la 67e pour établir le score final à 2-2, avec un score cumulé de 2-5 qui qualifie les coéquipiers de Canizares pour les quarts ou ils seront battus par l’Inter mais remportera la Coupe UEFA en 2004 avec le championnat par la même occasion. De son côté, le Servette FC gagnera le droit de re-disputer la Coupe UEFA en finissant 4e de LNA. Ils élimineront le Spartak Erevan avant de tomber face à l’Amica Wronki au 1er tour. C’est d’ailleurs la dernière fois que le club aux 17 titres atteindra le tour principal d’une compétition européenne.

Si vous souhaitez en apprendre plus sur cette épopée :

http://www.super-servette.ch/europa_uefacup_FR.htm

2006 : Servette-Lausanne 4-3 (2-3)

2006 : Servette-Lausanne 4-3 (2-3)

Servette – Lausanne 4-3 (2-3)

Samedi 19 août 2006, 19:30

Stade de Genève, 5125 spectateurs. Arbitre: Jérôme Laperrière.

Buts: 23e Bugnard 0-1, 26e Balthazar 0-2, 36e Eudis 0-3, 38e Vitkieviez 1-3, 41e Vitkieviez 2-3, 47e Esteban 3-3, 78e Esteban 4-3.

Servette: Marques; Ratta, Girod, Barea, Bratic; Yoksuzoglu (33e Boughanem), Pizzinat (89e Kusunga), Londono, Chedly; Vitkieviez, Esteban (86e Pont). Entraîneur: Jean-Michel Aeby.

Lausanne: Zbinden; Reis (62e Lacroix), Miéville, Scalisi, Mora; Bugnard, Rey (80e Ebe), Balthazar (64e Cabral); Correia, Eudis, Thurre. Entraîneur: Alain Geiger.

Avertissements: 61e Boughanem, 61e Bugnard, 65e Lacroix, 69e Eudis.