Il y a quelques semaines, Goran Karanović s’exprimait à notre micro pour retracer ses meilleurs moments avec Servette. Ce long entretien nécessitait une deuxième partie de révélations: la voici…
Servettiens.ch : En tant que buteur, quel goal a été le plus important ou le plus satisfaisant pour toi ?
Goran Karanović : Je me souviens d’un match à Sion en 2012. A ce moment-là, le club rencontrait de grandes difficultés. On était plus payé. Moi, j’avais ma cheville qui était cassée, mais j’ai décidé de quand même jouer. En fin de match, je marque de la tête et on gagne le 1 à 0. C’était un moment spécial avec les supporters parce qu’ils savaient qu’on n’était pas payé et qu’on traversait des moments difficiles. On a senti la connexion. Ils étaient avec nous et ils ont remarqué qu’on ne lâchait quand même pas. On n’était pas des mecs arrogants qui se disaient : « on n’est pas payé, on ne joue pas, on ne court pas. » On a vraiment tout donné.
Servettiens.ch : Oui je me souviens très bien de ce but ! Incroyable. Et quel joueur ou membre du staff a eu le plus d’influence sur toi durant ta période en Grenat ?
Goran Karanović : Sur le terrain, ça a été Matías Vitkieviez. C’est le joueur qui m’a fait le plus de passes décisives dans ma carrière, pas qu’à Genève, aussi à Saint-Gall. Après franchement toute l’équipe. C’est difficile d’expliquer. On avait une équipe extraordinaire, vraiment une équipe de potes, on était tous ensemble.
Sinon, c’est João Alves. Je me souviens aussi, juste pour donner une petite anecdote, j’avais une période un peu plus difficile. Je ne marquais pas depuis quelques matchs. Et il a vu que j’avais un peu… J’ai commencé à douter. Alors il m’a invité la veille du match dans un resto. On a mangé et parlé. Il m’a demandé ce qu’il se passait. J’ai dit : « j’ai aucune idée, je fais vraiment tout pour réussir, je ne sors pas, je suis ultra professionnel, je ne pense même pas sortir pour faire la fête ou quelque chose… » Et après il m’a regardé, il a dit : « ouais, c’est ça peut-être le problème. Il faut que tu sortes un peu, que tu changes ta tête. ». C’était vraiment un mec bien, humain. Il a été lui-même joueur, il savait que des fois, il faut aussi lâcher un peu, se changer les idées. Il m’a de nouveau motivé à ce moment-là et après, franchement, ça se passait de nouveau bien. Il savait vraiment comment se comporter avec les joueurs.
Servettiens.ch : Et du coup, pourquoi tu as quitté le Servette FC pour Saint-Gall en 2013 ?
Goran Karanović : Servette était en Challenge League de nouveau, malheureusement. On traversait vraiment aussi beaucoup de problèmes avec des présidents. Même si j’aime le club et tout, j’ai dû penser aussi à ma carrière. Le FC Saint-Gall était une bonne adresse. Il jouait la qualification pour l’Europe. Mais si Servette était resté en Super League, je ne pense pas que j’aurais changé.
Servettiens.ch : Du coup, aujourd’hui, si t’as un conseil aux jeunes joueurs, tu leur dirais quoi ?
Goran Karanović : De respecter les anciens, d’écouter les plus vieux et de ne pas penser que tout t’est dû, que tout va venir tout seul. Je vois beaucoup de jeunes qui pensent plus au Instagram et je ne sais pas quoi, les vidéos à gauche, droite, qu’à s’entraîner et progresser.
Servettiens.ch : Je comprends. Maintenant, après ta carrière footballistique, j’ai vu que tu étais manager chez The Agency. C’est juste ?
Goran Karanović : Agency, en vrai je suis copropriétaire. Oui, j’essaie d’aider, de donner mon expérience aux joueurs et de les soutenir dans leur carrière. Ca me permet aussi de rester proche des terrains. J’ai toujours voulu garder un pied dans le football, mais être entraîneur, ce n’était pas une option pour moi.
Servettiens.ch : Ah oui ? Pourquoi ?
Goran Karanović : Parce que tu es quand même, on va dire… Si tu veux vraiment faire entraîneur et tu veux aller au plus haut niveau, c’est difficile de rester tout le temps dans le même club, c’est presque impossible. Alors je me suis dit : « ok, dans la Suisse tu as dix clubs en Super League, tu fais peut-être quelques années dans quelques clubs ou tu vas à l’étranger. Mais moi j’ai une famille, j’ai trois enfants je ne veux pas, chaque année quand je change de club dire à mes enfants : « Il faut changer d’école. » Je veux avoir une base. Ma base est maintenant ici en Suisse et je ne bouge pas.
Servettiens.ch : Le fait d’être agent et d’avoir ton agence, c’était une idée que tu avais depuis longtemps ou c’est arrivé après ?
Goran Karanović : Non c’est arrivé un an après l’arrêt de ma carrière. J’avais des propositions des clubs et aussi des autres agences pour travailler avec eux. Je disais tout le temps : « je ne veux pas, je ne veux pas, ça ne m’intéresse pas. » Mais j’allais tous les week-end voir des matchs, voir des jeunes. Il y a des gens qui m’appelaient. « Est-ce que t’as le numéro de lui ? Est-ce que tu peux m’aider pour le transfert là-bas ? Tu connais les gens, tout ça ! » Je les aidais sans problème. Et à un moment, ma femme, elle m’a dit : « écoute, tu dis que tu ne veux pas faire ça, mais tu le fais déjà et tu le fais gratuit. » Elle avait raison. J’ai parlé avec des autres gens et on a créé une agence. On essaie de faire le mieux mais c’est encore très jeune, ça a besoin de temps.
Servettiens.ch : Et je me demandais en tant qu’ancien joueur du Servette FC et puis agent, à Genève on a un mercato un peu léger pour le moment. Tu verrais qui au Servette maintenant ?
Goran Karanović : Maintenant, moi-même, mais il y a 10 ans.
Servettiens.ch : Ah ouais, pas mal.
Goran Karanović : Parce que moi je pense, avec par exemple, Matías Vitkieviez sur un côté, et Stevanović sur l’autre. Franchement, avec mes appels de balle et l’intelligence de Stevanović, je pense que j’aurais marqué beaucoup de buts. Mais comme je te disais avant, je n’arrive même pas à courir 10 minutes. Je pense en Super League, même pas 5 minutes. C’est difficile à dire. Ils ont une très bonne équipe déjà. Peut-être Nsame aurait été pas mal.
Servettiens.ch : Ma dernière question est…Qui aimerais-tu lire sur les Servettiens ?
Goran Karanović : Stéphane Nater ou Patrick Baumann.
À Goran, alors que nous avons revisité les pages de ton passage au Servette FC, chaque souvenir nous rappelle pourquoi tu as toujours été et resteras un membre cher de notre famille Grenat. Les buts, les victoires, les défis et surtout, ton esprit de combattant sur le terrain, ont forgé des souvenirs indélébiles dans le cœur de tous les fans. Au nom de la communauté des Servettiens, nous tenons à te remercier du fond du cœur pour ton engagement, ta passion, et les moments exaltants que tu nous as offerts. Tu as incarné les valeurs de notre club avec une authenticité rare, laissant une empreinte qui continuera à inspirer les générations à venir. Merci, Goran, d’avoir été plus qu’un joueur pour nous – un véritable pilier Servettien inoubliable. Bonne chance pour tes nouvelles aventures, sachant que tu seras toujours accueilli à bras ouverts chez toi, au Servette.
Goran Karanović naît en ex-Yougoslavie (actuelle Bosnie-Herzégovine) le 13 octobre 1987 à Sanski Most. Sa famille quitte le pays quand il a deux ans pour venir s’installer en Suisse. Il fait ses débuts professionnels en Suisse au FC Wohlen en Challenge League à seulement 16 ans et demi.
Ce club lui permettra de se faire rapidement repérer par le football helvétique. Véritable couteau suisse en attaque, capable de jouer aussi bien comme ailier gauche que comme avant-centre, Goran se montre particulièrement performant dans la surface adverse, apportant à son équipe une offensive redoutable.
Son efficacité dans la zone de but attire l’attention de nombreux clubs de Super League. Après une saison à Lucerne et un retour au FC Wohlen, le coach servettien João Alves le recrute en 2010. Durant la saison 2010-2011, le Servette FC prépare son grand retour en Super League. Ce recrutement s’avère gagnant car Goran participe de manière significative au retour des Genevois dans l’élite du football suisse.
Ce véritable renard des surfaces marquera plus de 26 buts durant les trois années passées au Servette. Nombre de ses buts restent dans la mémoire des Genevois, tels que son fameux lobe face au gardien lucernois le 11 mars 2012, ou encore son but de tête contre Sion le mois précédent, alors qu’il était blessé.
Karanović quitte les Grenat en 2013 pour poursuivre sa carrière footballistique, notamment à Saint-Gall, Angers et Aarau. Il laisse néanmoins une empreinte indélébile à Genève où son talent et sa force de caractère continuent d’inspirer ceux qui l’ont côtoyé. Aujourd’hui, il se retrouve derrière les barrières des terrains, afin de recruter et accompagner les talents du football actuel. Il travaille au sein de l’agence: The Agency.
On a rencontré Goran cette semaine afin de revenir avec lui sur son parcours au Servette FC. Il partage ses souvenirs en Grenat et nous parle de sa vie en dehors des terrains de football.
Servettiens.ch : Goran pour quelles raisons rejoins-tu le Servette FC en 2010 ?
Goran Karanović :J’avais toujours dit que si le Servette me voulait, je viendrai. C’est un club historique. Le Servette, c’est l’Histoire ! Chaque fois qu’on jouait à la Praille, les joueurs jouaient à fond ! Ils étaient portés par des supporters en feu ! Ca donnait envie.. Mais surtout, c’est une équipe qui joue au ballon. Moi, je n’étais pas très fan de la façon à l’époque où on jouait en Suisse alémanique. C’était beaucoup combat, combat, longs ballons et ce n’était pas jouer au foot pour moi.
Servettiens.ch : Et du coup, c’est quoi tes souvenirs que tu gardes des premiers jours au club quand tu arrives au Servette ?
Goran Karanović :C’était une super équipe. João Alves était un super coach, très gentil, il parlait beaucoup avec moi. Alves, a été le coach le plus important de ma carrière. Il a sorti le truc…Il a sorti le joueur en moi, en fait. En Suisse alémanique, j’ai commencé jeune, j’ai joué beaucoup au foot. Mais après, on m’avait… je vais dire tuer, peut-être que c’est le mauvais mot, mais on avait tué le joueur en moi. Et après avec lui, ça a changé. Il aimait trop le foot, il aimait les actions individuelles, des trucs extraordinaires. Parce que lui aussi, c’était un numéro 10.
Servettiens.ch : Et du coup, est-ce qu’il y avait des défis particuliers quand tu es arrivé à Genève ? Je ne sais pas, au niveau de la langue ou de la mentalité ?
Goran Karanović : Non, pas du tout. J’avais appris le français à l’école. Je ne suis pas un mec très compliqué. Je m’adapte vite. Et à Genève on m’a très bien accueilli. Avec l’équipe, on est très vite devenu une famille. On se retrouvait après les entrainements dans le quartier des uns et des autres.
Servettiens.ch : Ensuite, j’aurais aimé savoir quel a été l’un des matchs les plus mémorables au Servette pour toi ?
Goran Karanović : Oui, alors il y en a eu plusieurs. Il y avait sûrement la première victoire en Super League contre Zurich. Il y avait, bien sûr, la montée contre Bellinzone. Il y avait aussi le match à Yverdon, juste avant la montée en Super League. Les matchs où l’on s’est qualifié pour l’Europe restent gravés dans ma mémoire également. Mais si je devais en choisir un, ça serait le match de la montée en Super League contre Bellinzona.
Matías Vitkieviez, ancien joueur du Servette FC, incarne l’essence même du football passionné et dévoué. Deuxième (et dernière) partie d’un long entretien avec un Grenat de coeur.
On a rencontré le Genevois avant le début la saison. Il nous a raconté les évènements marquants de son parcours, quelques anecdotes et sa nouvelle vie, toujours proche du club. Cette fois-ci, c’est autour du Servette FC, de son expérience avec la Nati et son regard sur le football aujourd’hui qui sont à l’honneur.
Période au Servette FC
Raconte-nous ton arrivée à Servette.
Servette venait de monter en Challenge League. Sébastien Fournier et Jean-Michel Aeby m’ont appelé pour me recruter. J’ai rejoint le club en 2006. On a fait la montée en 2011, c’était la cinquième saison, et pour moi, ça reste encore la meilleure expérience de ma vie. La montée contre Bellinzone, c’était incroyable, mon plus beau souvenir.
Qu’est-ce qui t’a fait jouer autant de saisons avec le Servette FC ?
J’ai joué à Servette de 2006 à 2012, puis je suis revenu en prêt pour six mois. J’ai aussi choisi de revenir à Servette en Première ligue de promotion en 2015 plutôt que d’aller à Saint-Gall, alors que j’avais un contrat tout fait là-bas. C’était une décision par amour du club. Mon agent n’était pas très content.
Parle-nous de cette période.
Quand je suis revenu en 2016, on a fait la montée en Challenge League! J’aurais adoré rester plus longtemps pour faire la montée en Super League. J’aurais aimé faire partie des joueurs comme Routis qui ont réalisé les deux montées. C’était une “Dream Team” à cette époque.
Qui sont les coéquipiers qui t’ont marqué ?
Tibert Pont et Goran Karanović. Aussi, en 2010, l’entraineur João Alves est arrivé et il a fait un recrutement incroyable. Il amené des Suisses Alémaniques comme Goran, Baumann, Nater, Schlauri, et Maric. On vivait comme une famille, on habitait la même résidence !
Du coup vous ne faisiez pas trop la sieste l’après-midi non ? 😉
La sieste était primordiale pour moi. Je faisais la fête mais jamais deux jours avant un match. L’hygiène de vie, c’est super important. Bien manger, bien se reposer et bien s’hydrater, c’est la clé pour éviter les blessures.
Un préparateur physique t’a particulièrement aidé, n’est-ce pas ?
Oui, Ricardo Dionisio, actuellement coach à Stade Lausanne. Il m’a donné une hygiène de vie irréprochable et m’a fait travailler dur. Grâce à lui, je me sentais imbattable sur le terrain. A cette période quelqu’un m’a dit une phrase que je répète souvent “Si tu donnes au foot, le foot te donnera”. C’est vraiment vrai.
Et quel entraineur t’a le plus influencé ?
João Alves. Il m’a donné une confiance énorme. Sans lui, je n’aurais pas fait la carrière que j’ai faite.
Carrière en équipe Nationale
Raconte-nous ton expérience en équipe nationale.
Jouer pour la Suisse, c’était une énorme fierté. Surtout quand on connaît mon parcours. C’est une belle revanche pour moi, prouver à ceux qui n’ont pas cru en moi que j’avais ma place.
Comment as-tu appris ta sélection ?
Il y avait des rumeurs…J’étais à Young Boys, et un jour, j’ai reçu plein de messages de félicitations après un entraînement. Moi je ne savais rien. C’est le coach, Christian Gross qui m’a informé ! C’était incroyable, surtout d’annoncer la nouvelle à ma mère. Elle était trop fière.
Ça fait quoi de jouer avec des joueurs tels que Shaqiri ou Granit Xhaka ?
Shaqiri et Xhaka étaient impressionnants, mais c’est surtout Philippe Senderos qui m’a marqué par sa personnalité de leader dans le vestiaire. Il est incroyable. En fait, dès qu’il rentre dans le vestiaire, c’est une autre personne. C’est un guerrier !
Et jouer contre Messi ?
C’était surréaliste. Être face à lui sur le terrain, c’était comme regarder la télé. Mais je l’aurais taclé si j’avais pu le rattraper !
Un regard sur le football aujourd’hui
Que penses-tu de l’équipe de Suisse actuelle ?
Ils ont fait un excellent Euro 2024. Les leaders comme Xhaka ont vraiment pris les choses en main. On a une super équipe avec beaucoup de potentiel pour l’avenir.
Aujourd’hui, quel est ton lien avec Servette ?
Je suis un supporter. J’amène mes enfants aux matchs, c’est un moment de famille. Voir Servette bien jouer et gagner, c’est une grande fierté. J’ai d’ailleurs déjà pris mon abonnement pour la saison prochaine.
Un conseil pour les jeunes joueurs, comme Théo Magnin ?
Travaille ! travaille ! travaille ! Gagne ta place et travaille plus que les autres pour la garder. Le plus dur, ce n’est pas d’arriver en équipe première, c’est d’y rester.
Si tu pouvais changer une chose dans le football, ce serait quoi ?
Penser plus à l’humain. Les clubs devraient mieux soutenir les joueurs dans leur après-carrière. L’aspect humain manque parfois dans le football actuel.
Quel ancien Servettien, tu aimerais lire chez Servettien.ch ?
Goran Karanović.
MERCI MATIAS
Matías Vitkieviez, par son parcours et ses réflexions, incarne non seulement la passion et la persévérance mais aussi une profonde humanité. Tout au long de sa carrière au Servette FC, il a su tisser des liens forts et laisser une empreinte indélébile, prouvant que le football va bien au-delà du simple jeu.
Ayant surmonté les obstacles et prouvé sa valeur, Matías est devenu une figure emblématique du football suisse. Après avoir raccroché les crampons, il a su explorer de nouveaux horizons, démontrant sa capacité à se réinventer et à réussir dans divers domaines.
Son amour indéfectible pour le Servette FC, son engagement envers la formation des jeunes et son implication dans la communauté genevoise font de lui un modèle pour les générations futures. En tant que conseiller en assurance et actionnaire du Village du Soir, Matías continue d’inspirer par son énergie, sa détermination et son enthousiasme.
Matías Vitkieviez, ancien joueur du Servette FC, incarne l’essence même du football passionné et dévoué. Première partie d’un long entretien avec un Grenat de coeur.
On a rencontré le Genevois avant le début la saison du Servette FC. Il nous a raconté les évènements marquants de son parcours, quelques anecdotes et sa nouvelle vie, toujours proche du club. Pour cette fois, c’est autour de sa vie après le foot et ses premiers pas en tant que footballeur à Genève qui sont traités.
Une nouvelle vie
Comment vis-tu ta vie de footballeur retraité ?
C’est comme si ma vie de footballeur, c’était une autre vie. Quand je suis au stade, c’est comme si c’était quelqu’un d’autre qui avait joué. C’est un sentiment bizarre.
Durant ta carrière de football, as-tu déjà pensé à ce que tu allais faire après ?
Franchement, non. Je vivais pleinement l’instant présent. J’ai commencé à passer des diplômes d’entraîneur en fin de carrière, obtenant le diplôme B+ UEFA. Mais une fois ma carrière terminée, j’ai profité de ma famille et de mes week-ends libres. Je pense que dans quelques années, quand mes enfants seront plus grands, je prendrai une équipe de foot. J’ai déjà coaché un peu mon équipe de vétérans à Carouge et j’ai beaucoup aimé.
Et du coup, ce diplôme, tu l’as passé à quel âge ?
Ça m’a pris 5 ans pour arriver au B+. En tant qu’ancien footballeur professionnel en Suisse, j’ai pu tout faire en une semaine chaque année, mais sans avantage particulier. J’ai passé les diplômes C, C+, B, et finalement B+. Chaque étape demandait des tests d’entrée et des épreuves techniques, même après avoir joué au plus haut niveau.
Parle-nous de ta transition vers le métier de conseiller en assurance.
Après avoir terminé avec Servette en 2019, j’ai joué à Carouge tout en étant au chômage. Pendant ce temps, j’ai passé la patente de cafetier et aidé ma mère à la buvette du Village du Soir. Finalement, un ami m’a suggéré de rejoindre le domaine des assurances. Après un entretien réussi chez Generali, j’ai trouvé ma voie. Aujourd’hui, je suis épanoui dans ce métier.
Et qu’est-ce qui t’a attiré dans ce métier ?
L’avantage dans ce travail, c’est la liberté. Pas d’horaires fixes, juste des objectifs à atteindre. C’est comme dans le foot, chaque mois tu recommences, tu dois gagner ta place. J’aime trop cette liberté d’horaire et la compétition.
Quels souvenirs gardes-tu de tes débuts au football en Uruguay ?
L’Uruguay, c’est le football dans le sang. Avant de venir en Suisse, j’étais en équipe nationale des moins de 17 ans. À Genève, après quelques refus, j’ai finalement trouvé ma place à Meinier puis à US Carouge. J’avais marqué deux buts contre Servette lors d’un tournoi international avec US Carouge, ce qui m’a permis de commencer à me faire remarquer.
Et comment s’est passé ton arrivée en Suisse ?
Ma mère avait perdu son travail. On avait notre oncle à Genève, qui nous a aidé à revenir en Suisse. On est arrivé le 16 juin 1999. Pour moi, la Suisse c’était la vache Milka et les montagnes. J’étais surtout inquiet de savoir où je pourrais jouer au foot. Mais Genève était magnifique et j’ai rapidement retrouvé ma passion pour le football.
La passion du foot, tu l’as quand même découverte en Uruguay.
Oui, en Uruguay, le foot, c’est tout. Tous les gamins jouent au foot. Avant d’arriver en Suisse, j’étais en équipe nationale et je m’entraînais avec le plus grand club d’Uruguay, Nacional. En Suisse, j’ai d’abord été refusé par Carouge et Servette, mais j’ai trouvé ma place à Meinier et ça a décollé de là.
QUI EST MATÌAS ?
Né en Uruguay, il découvre très tôt l’amour du ballon rond dans les rues animées de Montevideo. Ses talents de footballeur le font entrer au Nacional, club emblématique du pays. À 14 ans, il déménage en Suisse, emportant avec lui son rêve de devenir footballeur professionnel.
Malgré des débuts difficiles et des rejets de clubs locaux, sa détermination et son talent finissent par lui ouvrir les portes de l’US Meinier, où il commence à se faire un nom. En 2006, Matías rejoint le Servette FC et devient rapidement un pilier incontournable de l’équipe. Il brille sur le terrain, participant activement à la montée en Super League en 2011, un moment qu’il décrit comme inoubliable. Il continue ensuite sa carrière dans différents clubs suisses et français.
Néanmoins, il reviendra au Servette par deux fois, une première fois en prêt par Young Boys en 2013, puis en 2015 pour aider son club de cœur à monter en Challenge League. Sa carrière est également marquée par des sélections en équipe nationale suisse, prouvant son impact sur la scène internationale.
Après avoir rangé ses crampons, Matías se réinvente brillamment en tant que conseiller en assurance et actionnaire du Village du Soir, un haut lieu de la vie nocturne genevoise.
Ce vendredi, le nouvel entraîneur du Servette FC, Thomas Häberli, s’est exprimé lors d’une conférence de presse au Stade de Genève. Réactions recueillies sur place.
Arrivé depuis deux jours à Genève, quels sont vos premiers sentiments ?
C’est un grand honneur pour moi d’être ici, je connais Servette depuis longtemps. Je connais les traditions et je connais le chemin du Servette.
Pourquoi avez-vous choisi Servette ?
Je ne croyais pas que Servette cherchait un nouvel entraîneur. Il y a quatre semaines, René Weiler m’a appelé pour changer sa position [ndlr : pour devenir directeur sportif]. A ce moment-là, c’était clair pour moi. Je suis très heureux d’avoir ce poste d’entraîneur.
Vous avez entrainé l’équipe nationale d’Estonie, votre contrat s’arrêtait approximativement le 31 juillet. Vous l’avez écourté. Est-ce que c’était en partie en lien avec le Servette ?
Mon contrat se terminait en fin d’année et déjà en avril, pendant le match contre la Suisse, j’avais décidé d’arrêter. J’étais ouvert pour quelque chose de nouveau et quatre-cinq jours avant le match de la Suisse, Weiler m’a téléphoné.
Travailler tous les jours avec les joueurs, c’est quelque chose qui vous manquait par rapport à l’équipe nationale ?
C’est ça que je cherchais. J’étais longtemps entraîneur dans différentes fonctions, avec notamment un passage à Lucerne. Ainsi, être tous les jours avec les joueurs sur le terrain, c’est ce qui fait que ce boulot est très intéressant
Est-ce que vous pouvez nous dire, même si le mot vous paraît grand, quel est votre philosophie du football ?
Quand j’étais en Estonie, la philosophie était très différente. Cela veut dire qu’il faut l’adapter aux joueurs. On sait comment Servette a joué l’année passée, il faut continuer sur ce chemin en jouant ce football tout en gagnant les matchs.
Quelles sont vos relations avec René Weiler ?
Il y a 25 ans, j’étais joueur et lui directeur sportif à Saint-Gall. Par ce biais, on a eu une rencontre. Il y a quatre semaines quelqu’un de la Suisse m’a téléphoné. J’ai été surpris d’avoir l’entraîneur de Servette qui m’appelle. Je ne le connaissais pas personnellement.
Quel sont vos objectifs pour la saison prochaine ?
Il ne faut pas penser trop loin, il faut s’établir. C’est toujours très difficile mais on va continuer sur ce chemin. L’objectif est que l’équipe progresse.
Est-ce que cela vous dérange que René Weiler soit devenu directeur sportif dans un rôle de supérieur ?
C’est lui-même qui a décidé de devenir directeur sportif. Moi je trouve que cette situation me correspond, tout le monde connaît les règles dans le foot. Cela veut dire que nous on va performer et lui il va faire son boulot. Je me réjouis de cette collaboration.
Est-ce que vous avez envie de renforcer l’effectif ?
C’est René Weiler qui choisit les joueurs, pour le moment. Ce n’est pas mon boulot. Je suis très content des joueurs que j’ai à ma disposition.
Soulagé de sa victoire en championnat, l’entraîneur José Barcala s’est confié devant la presse sur la recette du succès.
Après cette victoire en championnat, quel est le sentiment qui domine ?
Ce que j’ai à dire, c’est que nous n’avons pas joué deux mais trois compétitions différentes. Le championnat, la coupe et les playoffs sont différents. L’état d’esprit, le contrôle des émotions et le jeu aussi. C’est difficile d’être consistant match après match et de savoir que sur un match se joue le championnat. Et dans ce genre de match, où l’on joue une équipe organisée comme Zürich, nous savions que nous devions connaître les différents matchs dans le match. Nous avons bien analysé les détails et bien que nous n’ayons pas joué le plus beau match de la saison, nous étions en finale et devions faire les choses bien.
Qu’avez-vous dit à vos joueuses pour qu’elles démarrent si bien la rencontre ?
Écoutez… Nous avons analysé nos points forts et faibles de la saison. Je leur ai parlé aussi de la distance qui sépare Genève à Alicante [lieu du camp d’hiver]. C’est 1’300 kilomètres. C’est beaucoup, mais si on avance jour par jour, cette distance n’est plus que de 30 kilomètre par jour. Ce match, c’est la même chose : Zürich c’est grand. Mais si vous travaillez mètres par mètres, centimètres par centimètres dans l’action et le pressing, c’est faisable.
Dans chaque finale (Coupe et championnat), Rimante Jonusaite a fait la différence. Comment analysez-vous ses performances depuis son arrivée ?
C’est une pure attaquante, elle pense toujours à marquer. C’est quelque chose de spécial pour un entraîneur. C’est une joueuse importante dans cet effectif, et un bon complément des différentes attaquantes que nous avons au club.
Quel est le sentiment de pouvoir participer à la Champion’s League la saison prochaine ?
Wow… c’est un rêve d’équipe. C’est fantastique de pouvoir se confronter aux meilleures équipes d’Europe. On a repoussé nos limites pour cela.
Servette a perdu en finale deux saisons de suite en étant la meilleure équipe de la saison. Finalement, justice a été rendue ?
Que dire… Je souhaite remercier Richard Feuz qui a été le président qui m’a amené dans ce projet avant son départ. Mais aussi Éric Sévérac qui a effectué un travail remarquable durant cinq saisons avant moi. J’ai rejoint cette opportunité dans un cadre où tout le monde travaille dans la même direction, comme Sandy Maendly, le nouveau président Yoann Brigante et mon staff derrière moi qui mettent tout en œuvre au club pour fournir les meilleures ressources de travail et de performance. Et évidemment les joueuses, qui ont été incroyables.
Finalement, quel a été pour vous le moment clé de la saison pour atteindre la victoire en championnat ?
Le moment clé est aujourd’hui, ce dimanche… Comme je disais, nous avons joué trois compétitions et non pas deux. Mes joueuses ont joué avec confiance, et nous savions que nous avions jusqu’à mars pour faire des erreurs. Ensuite, c’était les playoffs et c’est différent. Le moment clé est de travailler jour après jour.