Les années 90, décennie de tous les changements, la mondialisation explose, Internet émerge, les jeux vidéo s’imprègnent dans notre culture et le Servette FC vit sa dernière grande décennie de football. Imaginez-vous marcher dans les rues de Genève, walkman en poche, chemise oversize sur le dos, passer à la Placette acheter quelque chose à boire avant de vous rendre au mythique Stade des Charmilles pour voir le match que tout le monde attend: Servette – Grasshopper. Un stade rempli, chantant, criant et scandant le nom de nombreuses stars présentes sur le terrain: Éric Pédat, Sébastien Barberis, Oliver Neuville ou encore Sonny Anderson. Les deux équipes s’affrontent dans un match disputé, physique et féroce.


D’un côté un Servette alléchant, qui grâce à ses jeunes permet au club de rêver plus grand en décrochant les championnats de 1994 et 1999. C’est d’ailleurs suite à cette belle période que Servette voulut grandir avec des projets comme le Stade de Genève et une capacité de 30’000 spectateurs avant de subir une double faillite qui ne permit jamais au club d’aller au bout de ses ambitions.

De l’autre Grasshopper, l’ogre zurichois qui rafle les championnats 1990, 1991, 1995, 1996 et 1998. Clairement le leader du championnat suisse de l’époque. Un club, qui habitué au sommet lors de cette décennie, ne côtoiera que très rarement le top 2 les 20 années suivantes.

C’est dire qu’avant l’explosion du FC Bâle dans les années 2000-2010, remportant 12 de ses 20 titres de champions dans ces années-là, Servette et Grasshopper étaient les clubs les plus titrés de Suisse. La rivalité était donc très forte. Servette décroche même son titre de 1994 à la dernière journée en battant à Berne, les Young Boys (1-4) et passant ainsi devant Grasshopper qui avait fait faux pas en Argovie contre Aarau (1-1). En 1997/98 et 1998/99, les deux équipes se disputent aussi le titre dans une lutte effrénée, à tel point qu’en 1999 le titre se joue à la différence de buts à l’avantage du club grenat.

Servette avait certes ses rivaux romands bien connus et toujours actuels comme le Lausanne-Sport ou le FC Sion mais outre-Röstigraben, le club zurichois de la sauterelle était l’ennemi public numéro 1 des servettiens. Choc des 2 plus grandes villes du pays dans une décennie où la mondialisation explose? Choc culturel, linguistique? Beaucoup d’aspects influençait cette rivalité. Servette était l’épine dans le pied du géant zurichois dans les années 90.

La rivalité existait déjà dans les années 80 (La saison 1983/1984 par exemple s’est terminée par une égalité entre les deux clubs qui ont dû être départagé par un match d’appui gagné 1-0 par Grasshopper qui a causé des polémiques) et précédemment avec de nombreuses confrontations en LNA ou en Coupe de Suisse, mais elle atteint son paroxysme réellement dans les années 90. Alors voilà, 23 ans sont passés depuis le dernier titre grenat, Servette a chuté, est revenu, a rechuté et est encore revenu. Grasshopper a, quant à lui, été un candidat sporadique de la LNA / Super League, pour finalement quitter pour la deuxième fois de son histoire (1ère fois en 1949) la première division en 2019. Depuis, les sauterelles sont revenues, mais la rivalité à quelques peu disparu. Les deux clubs ne sont plus candidats au titre, au détriment des YB, Bâle ou encore FC Zürich l’année passée. Pire encore, les plus faibles affluences servettiennes au Stade de Genève sont contre Grasshopper.

En somme, Servette – Grasshoppers en Finale de Coupe de Suisse, c’est 11 matches pour 3 victoires servettiennes (1928,1949,1978) et 4 défaites (1934,1938,1941,1983), 6 demi-finales, un quart de finale, 2 huitièmes de finale et un seizième de finale. En championnat, 187 matches pour 64 victoires servettiennes, 42 nuls et 81 défaites. Avantage aux sauterelles zurichoises, mais pour combien de temps encore?

Alors aujourd’hui en 2022, dans une décennie de changement, où la mondialisation implose, où Internet est notre quotidien, les jeux vidéo si proches de la réalité et où le Servette FC essaie de revivre une grande décennie de football. Marchez dans les rues de Genève, écouteurs bluetooth à l’oreille, pull grenat sur le dos, passez à la Praille, achetez-vous quelque chose à boire et rendez-vous au Stade de Genève qui n’attend que sa gloire, pour voir et relancer une rivalité que le temps a voulu évincer: Servette – Grasshopper. Remplissons le stade, chantons, crions et scandons l’amour du club et des futures stars du club présentes sur le terrain: Miroslav Stevanovic, Timothée Cognat, Nicolas Vouilloz ou encore Jérémy Frick. Rendons notre stade un véritable chaudron où a lieu des matchs disputés, physiques et féroces.