Le Servette FC affrontait dimanche, à domicile, sa bête noire, le FC Lugano, au Stade de Genève (16:30). Un adversaire que les Grenat n’ont plus battu à domicile depuis 9 ans, une hérésie.

Avec un soleil radieux au coup d’envoi, les Genevois marquaient rapidement leur territoire. Dans un Stade de Genève trop peu rempli pour cette 24e journée de Super League, les 6’438 spectateurs présents assistaient dès la 3e minute à une double occasion…

Lugano marque vite dans le match

Le défenseur luganais Ayman El Wafi, voulant remettre en retrait à on ne sait qui, ratait complètement sa passe et envoyait le cuir sur Alexis Antunes seul face à Amir Saipi.

Mais n’est pas Chris Bedia qui veut et le tir trop mou et trop cadré était repoussé par le gardien tessinois. Antunes récupérait la balle pour la donner en retrait à Jérémy Guillemenot qui, lui aussi, échouait face à Saipi. Son tir entre les jambes, mais freiné puis dégagé par un défenseur, donnait quelques frissons à la défense tessinoise.

Avec un Servette FC jouant haut, pressant son adversaire et avec l’appui d’une défense adverse montrant certains signes de fébrilité, les dix premières minutes de jeu laissaient présager un certain espoir dans un match à ne surtout pas perdre pour rester dans la course au titre.

Mais comme trop souvent face à notre adversaire du jour, les Grenat se faisaient surprendre. Timothé Cognat, pressé par un tessinois, perdait la balle. Après un contre favorable, celle-ci se retrouvait dans les pieds de Hadj Mahmoud qui plaçait un tir croisé et battait un Joël Mall qui n’avait encore rien eu à faire dans cette rencontre.

© Lucas Araujo

Le spectre de Ludogorets ?

Dur ! Dur, car les Grenat étaient bien dans leur match. On ne savait pas alors quel visage allait montrer ce Servette FC, car il fallait remonter au 12 novembre pour retrouver la trace d’un match dans lequel Servette concédait l’ouverture du score. Un match à domicile contre Bâle, certes à 11 contre 10 dès la dix-huitième ou encore le derby lémanique du 30 septembre (cette fois à 11 contre 11).

Deux rencontres finalement remportées par les genevois. Mais qu’allait-il advenir de CE match contre un adversaire qui nous laisse si souvent un goût d’inachevé ou de frustration ?

© Lucas Araujo

Après l’ouverture du score, les Genevois ne se laissaient pas abattre. Avec un Miroslav Stevanovic intenable, de nombreuses actions partaient du côté droit. Mais comme il y a 3 jours, la finition n’était pas au rendez-vous. Antunes trop appliqué, Guillemenot (en manque de confiance ?), et même Keigo Tsunemoto, d’une superbe frappe à l’orée des 16 mètres consécutive à un énième corner de Stevanovic, ne parvenaient à trouver la faille.

Les Tessinois de leur côté ne montraient pas une grande détermination sur le terrain, hormis une volonté agaçante de perdre le plus de temps possible.

On se dirigeait donc vers une mi-temps qui laissait planer le spectre du match contre Ludogorets.

© Lucas Araujo

Une expulsion qui va tout changer

Dès le retour des vestiaires, Stevanovic envoyait une lourde frappe croisée sur le côté gauche du but, sur une nouvelle mauvaise relance d’un défenseur tessinois. Défensivement, c’était au tour de Dylan Bronn, fraîchement débarqué en milieu de semaine en prêt de la Salernitana, suppléant Yoann Séverin suspendu, de s’illustrer en coupant la trajectoire d’une balle qui, si elle avait terminé dans les pieds de Celar, aurait pu coûter très cher.

A l’image de la première mi-temps, les occasions franches ne faisant pas légion, René Weiler sortait Bradley Mazikou pour Bendegúz Bolla et modifiait son dispositif en passant par une défense à 3 dès la 61e minute.

© Lucas Araujo

Mais, ce n’est pas ce changement qui permettait au Servette FC d’être enfin décisif. Le tournant du match arriva à la 74e minute, lorsqu’à la suite d’un corner voyant Celar envoyer une tête sur la transversale, Antunes partait dans un sprint et se faisait tacler par derrière.

Sentence immédiate, carton rouge pour Anto Grgic qui laissait ses partenaires à 10 pour le dernier quart d’heure de jeu. Quinze minutes qui annonçaient une fin de match de folie.

Weiler prenait encore plus de risques plaçant Steve Rouiller en attaque, laissant la défense avec seulement deux joueurs. Risque inconsidéré ? Cela auraît pu l’être, mais non, ce Servette FC cuvée 2023-2024 sait puiser dans ses ressources mentales et le démontrera dans les 8 dernières minutes.

A la 82e minute, Dereck Kutesa, qui avait été très discret durant cette rencontre, trouvait sur un sublime centre la tête de Stevanovic ! Une égalisation méritée tant les Bianconeris n’ont rien montré dans cette deuxième mi-temps, sinon une volonté intempestive de perdre du temps comme en première période.

© Lucas Araujo

Et le miracle fut !

Dès lors les Servettiens avaient tout à gagner et continuaient leurs offensives, mais avec à nouveau ce problème de finition à l’image de Dylan Bronn, tout près d’être le héros du soir, qui voyait sa tête heurter la transversale à la 86e minute.

Et ce que tous les Grenat attendaient depuis 9 ans à domicile contre Lugano arriva à la 89e minute. Albian Hajdari fauchait Guillemenot dans la surface de réparation provoquant non seulement un pénalty mais électrisant également tout un stade. Et c’est Bolla qui délivrait tout un peuple en transformant ce penalty.

A 2-1, les Servettiens terminaient ce match en roue libre. On pensait même avoir assisté au 3-1 par Kutesa à la 95e minute, mais celui-ci était en position de hors-jeu sur une passe de Guillemenot, car Saipi avait quitté son but pour monter sur un corner.

Avec ces trois points, le Servette FC accuse toujours de sept points de retard sur les Young Boys, mais peuvent se targuer d’avoir enfin mis fin à cette série noire à domicile contre les bianconeris. Dimanche prochain, les Grenat pourraient, en cas de nouvel exploit, revenir à quatre points de la 1e place en battant le club de la capitale. Et ils ne sont plus à un exploit près cette saison !

Photos de Lucas Araujo