Lors de la saison 1939-1940, le club du bout du lac a été champion du championnat Suisse, mais pas que, les grenats ont aussi réussi l’exploit de finir la saison avec zéro défaite. Retour sur cette saison exceptionnelle.

Actuellement, seulement quelques clubs peuvent se vanter d’avoir fait une saison sans défaite. Autant dans les plus grands championnats que dans les championnats dit « faciles », il n’est jamais évident de ne pas avoir de baisse de forme de l’équipe. Il y a tellement de facteurs en jeu qui peuvent changer une rencontre : blessures, forme des joueurs, état du terrain, météo, pour ne citer que ceux-là. Cette saison, on observe d’un œil curieux le parcours de Liverpool par exemple, après une saison 18-19 avec une seule défaite en championnat. Le nom des « invincibles » a aussi été donné à Arsenal lors de la saison 2003-2004, au Milan AC en 1991-1992 ou la Juventus en 2011-2012, entre autres. Mais parmi toutes ces grandes équipes ayant réussi cet exploit, on retrouve notre beau club grenat.

39-40 Une saison particulière.

C’est peu dire que cette saison fût différente. En effet, après les évènements de l’année 1939, beaucoup de joueurs furent appelés sous leur drapeaux. Heureusement la plupart des joueurs étant Suisses, la neutralité du pays leur permit de jouer le championnat. Après une mobilisation générale début septembre, le championnat put commencer le 22 octobre, les autorités militaires accordant les congés demandés par les clubs. Il eût malheureusement des joueurs, d’autres nationalités, qui ne purent participer à la suite. On pense au Yougoslave Stevovic, qui dût regagner son pays, ainsi qu’à André Belli, dont la naturalisation Suisse était en cours, parti rejoindre les troupes françaises et fait prisonnier par les allemands.

Cette saison-là, se joue d’abord dans un groupe « romand » en 2 tours, composé de Lausanne, Chaux-de-Fonds, Grechen, Young Boys et Bienne. Puis dans un groupe national composé de St-Gall, Lucerne, Nordstern, Young Fellows, Lugano et Grasshoppers.

Le Championnat Suisse de Mobilisation

Ce championnat de Mobilisation commence donc. La première rencontre de la saison face à Young Boys commence mal, mais menés 1-3, les Servettiens vont remonter le score et gagner le match 6 buts à 3. Ensuite ils gagneront les 4 matchs suivants jusqu’à Noël.

(Genia Walaschek servant Georges Aeby sous le regard amusé de Philippe Fuchs)

Les Grenats font des misères aux « romands » en début d’année 1940. Les Bernois prennent 4 buts à la maison, les Biennois se font laminer 7-0 aux Charmilles et les Lausannois voient leurs filets trembler quatre fois à la Pontaise.

Georges Aeby montre toute l’étendue de ses talents avec le maillot de Servette. Il ne marque pas moins de 12 buts lors du 1er et 2ème tour du groupe des romands. Trello Abegglen, l’entraineur-joueur, fît des merveilles, que ce soit en tant que coach ou sur le terrain.

Philippe Fuchs, un petit jeunot de 19 ans, s’impose par son talent en défense centrale. Très grand et imposant, il se montre pourtant très à l’aise avec le ballon. L’équipe finit dans ce groupe avec 9 victoires et 1 nul. L’équipe ayant perdu son premier point face à Grechen que le 18 février 1940.

Dans le groupe national, l’équipe impressionne tout autant avec un jeu rapide et offensif. Mais en mai, les allemands lancent une offensive à l’ouest et le championnat doit être interrompu. Il ne reprendra que le 9 juin 1940. Pourtant, ce n’est pas cet arrêt qui empêchera les Genevois de continuer leur forme. Au début du 2ème tour du groupe national, Servette explose St-Gall (4:0), giffle Lucerne (0:4) et écrase Lugano (7:0). Finalement, le championnat trainant en longueur, à cause des mobilisations, l’AFSA (ancien ASF) décide d’organiser deux matches en un week-end. Servette joue samedi à Bâle, dimanche à Genève et enchainent deux victoires. Etant champions depuis le match à Lucerne (4 journées à l’avance), c’est à Zurich contre Grasshopper que les Servettiens soulèveront le trophée, le 22 juillet.

(Walaschek et Aeby)

Les joueurs finissent la saison avec 19 victoires, 3 nuls et donc zéro défaite. La seule défaite du club se déroula en Coupe, face à UGS. En 22 matchs, l’équipe n’a encaissé que 14 buts et en a marqué 64 ! Avec une belle moyenne de 3 buts par match, ils ont ébloui le championnat. Du gardien acrobate Feutz, en passant par Fuchs, Trello, Monnard et jusqu’à l’excellent buter Aeby, ils ont tous montré l’entendu de leur talent et ont ramené le 9ème titre de champion Suisse de l’histoire du club. Un beau cadeau pour les 50 ans du Servette FC.