Après deux victoires à domicile, le déplacement à Kriens empestait le match piège. Il l’a été pour des Servettiens méconnaissables sous le crachin lucernois et sur cette pelouse artificielle que les Grenat n’auront jamais domptée.

Du déchet technique, des positionnements douteux, des choix hésitants et une intensité qui faisait cruellement défaut: les maux grenat ont coûté cher à ce Servette complètement égaré en première période (une vilaine habitude) et guère plus inspiré après la pause. Pourtant, il y avait un ange qui protégeait un Servette encore mené 2-1 à la 90e minute. C’est grâce à deux buts miraculeux de Chagas à la 91 et à la 94e que les Grenat se sont imposés.

Un petit naufrage collectif malgré tout, si l’on excepte Stevanovic, le seul à surnager. Et le sauveur Chagas, bien sûr. Le souci, avec l’excellent Micha Stevanovic qui était placé aux avant-postes à côté de Schalk au coup d’envoi, c’est que ce que Servette gagne en technicité en pointe, il le perd lourdement sur le flanc droit, la position habituelle de Micha, où ni Sarr (en l’absence de Sauthier blessé) ni Imeri n’ont le même impact ou la qualité de centre de l’international bosnien.

Chagas converti en héros

Kriens en était quitte pour rester compact et se concentrer sur la transition verticale, une deuxième nature pour le néo-promu. Le déchet grenat aidant, ce sont les Lucernois qui devaient se procurer les meilleures chances de but. On pense notamment à cette exceptionnelle volée fouettée de Siegrist, qui avait vu Frick avancé: il aura fallu un retour en catastrophe du portier grenat et une claquette salvatrice pour annuler le but de l’année, qui filait en lob en pleine lucarne. Un avertissement qui allait être suivi d’une punition, quand Elvedi surgissait sur corner pour dévier devant le bloc défensif de Servette et devant Frick, en retard.

L’égalisation presque miraculeuse de Servette dans les arrêts de jeu sur un tir dévié de l’inévitable Stevanovic n’effaçant pas les errements de la première période, Geiger ajustait alors son système. En recentrant Imeri, en décalant Stevanovic sur la droite.

Avec des occasions à la clé: pour Stevanovic, pour Wüthrich qui en manquait une énorme. Ou pour Chagas, de la tête. C’est justement sur le corner qui suivait la chance du Néerlandais que Kriens donnait une leçon de simplicité et d’efficacité: après un centre hasardeux de Maccoppi, deux passes suffisaient aux Lucernois pour un centre et une tête de Chihadeh, au nez et à la barbe de Rouiller. C’est à ce moment que Chagas est arrivé, entré en jeu à la 62e, il allait être le héros grenat de ce miracle.