A cette époque le championnat suisse se déroulait suivant la tant  décriée “formule Rumo”. 12 équipes disputent un tour préliminaire en  automne, les huit meilleures sont qualifiées pour un tour final  qu’elles commencent avec la moitié des points obtenus durant le tour  préliminaire. De l’avis des observateurs le titre ne devrait pas échapper au Grasshopper de Christian Gross où évoluent entre autres les stars Giovane Elber, Ciriaco Sforza et Alain Sutter pour ne citer qu’eux.

Servette quant à lui est entraîné par le frileux Ilija Petkovic qui a conclu un transfert de choix en la personne de  l’expérimenté défenseur international Andy Egli. On ne peut guère  parler de système de jeu en ce qui concerne Servette puisque tout consiste à laisser se débrouiller le Brésilien Anderson, joueur capable de gagner un match à lui tout seul. Mais au milieu du tour préliminaire Anderson, qui a tapé dans l’œil entre autres de Bernard Tapie est transféré à l’OM. Cela n’empêchera pas les Grenats d’atteindre aisément leur objectif : se qualifier pour le tour final. 

Pour pallier au départ d’Anderson le président Weiller a cependant réalisé deux transferets de choix : le Suédois Hakan Mild, milieu défensif à quatre poumons et l’attaquant international Marco Grassi lequel est prêté par le FC Zurich. Les observateurs ne donnent néanmoins que peu de chances aux Grenats, d’autant qu’Andy Egli s’est blessé lors d’un match amical de l’équipe de Suisse en Tunisie et est out pour presque tout le tour final. Et cela commence de manière un  peu poussive avec deux matches nuls.

Mais Petkovic le frileux surprend tout son monde en faisant jouer son équipe en 4-3-3 et cela porte ses fruits dès le troisième match face à Sion aux Charmilles où grâce à un José Sinval en état de grâce Servette mène 4-0 à la mi-temps avant que Sion ne se réveille mais s’incline néanmoins sur le score de 4-3.

Et de fil en aiguille Servette va remonter au classement malgré quelques coups d’arrêt notamment face à Grasshopper. Un jeune joueur transféré de Locarno une saison auparavant, éclate au grand jour durant ce tour final, marquant but sur but : Oliver Neuville qui connaîtra une brillante carrière mais ne conquerra pas d’autre titre que celui de champion suisse avec Servette malgré une finale de Coupe du Monde et une autre de Ligue des Champions en 2002.

A deux journées de la fin Servette reçoit le champion en titre, le FC Aarau de Rolf Fringer. Les Grenats se cassent les dents 85 minutes durant avant que Neuville n’inscrive le 1-0 libérateur sur un service parfait du tout jeune Pierre-Alain Prinz. Ils reste une journée et deux équipes peuvent encore décrocher le titre : Servette qui se rend à Young Boys et  Grasshopper à Aarau. Les Grenats ne sont pas maîtres de leur destin : à égalité de points avec GC avant cette dernière journée ce sont les Zurichois qui seront champions en cas d’égalité eu égard à leur meilleur tour préliminaire.

Les Grenats savent donc ce qu’ils ont à faire et le font bien : une victoire 4-1 avec trois buts de Neuville et un de Sinval sur pénalty alors que Bregy réduit la marque sur coup franc en fin de match. Pendant ce temps à Aarau (qui a besoin que  Servette soit champion pour décrocher la coupe d’Europe) le miracle se produit.

Une bourde de Martin Brunner permet aux hommes de Fringer de prendre l’avantage mais Elber égalise peu après. Et alors qu’à Berne le match est fini Elber s’avance et décoche un tir terrible… sur la  latte ! Servette décroche in-extremis son seizième titre de champion suisse. Onze de base de Servette (lors du tour final) : Pascolo; Ohrel, Schepull, Djurovski, Margarini; Aeby, Mild; Renato; Sinval,  Grassi, Neuville.

Rédigé par: Antoine Bernheim