Si l’utopie du titre avait pu effleurer certaines personnes grâce à ce Servette solidement installé à la 2e place depuis quelques semaines maintenant, ce dimanche aura malheureusement probablement sonné la fin de ces espoirs.

Pourtant, celui-ci se fait plus insistant lorsqu’à la 18e minute, Itten, frustré, met une (petite) gifle au visage de Vouilloz. Carton rouge, Servette va évoluer à un homme de plus pendant plus d’une heure et quart. En cas de victoire, Servette peut revenir à 4 points de Young Boys et qui sait ce qui pourrait se passer lors de la seconde partie de saison.

L’occasion est idéale pour Servette qui, porté par 16’000 personnes, pourrait par la même occasion fêter comme il se doit le retour d’Imeri à Genève.

Mais voilà, en fait, cette expulsion est à peu près la seule émotion que les spectateurs vont avoir de l’après-midi. Servette incapable d’emballer le match, YB qui n’a pas à se livrer et qui se satisfait de garder ses 7 points d’avance au championnat, cela nous donne un match lancinant, avec des vagues de possession genevoise qui aboutissent presque systématiquement sur une passe trop longue, une frappe ratée ou un contrôle imprécis. 10 tirs, 1 frappe cadrée et c’est tout, voici le bilan genevois contre ces 10 bernois qui n’auront pas eu à souffrir tant que ça pour maintenir le score. Il y a bien sur le fac-à-face de Stevanovic face à Raccioppi qu’on regrettera longtemps avec ce ballon qui termine sur la barre mais au fond, Servette ne méritait pas de s’imposer ce dimanche. Il aura présenté une partition qui résume tout de cette première partie de saison: Une grosse solidité défensive, une nette possession mais un manque criant de justesse  technique dans le dernier et l’avant-dernier geste et, surtout, un manque général d’idée et de créativité dans les trente derniers mètres adverses.

La petite satisfaction de l’après-midi est qu’avec ce nul, Servette est quasiment certain de passer la pause liée à la Coupe du Monde à la 2e place du classement (Pour les en empêcher, il faudrait que Lucerne batte coup sur coup Bâle et YB cette semaine). Et cela, ça veut dire beaucoup. On sait d’où vient le club et ce qu’il a réussi à reconstruire en 4 saisons de Super League est tout de même très positif.

En plus de cette performance en championnat, Servette devra également donner un dernier coup de collier pour s’assurer des émotions supplémentaires en Coupe de Suisse, puisqu’il affronte Wohlen (1ère Ligue Classic, 4e division) ce mercredi pour le compte des 1/8e de finale. Une victoire  permettrait de s’assurer de disputer les 1/4 de finale au printemps et ce serait, mine de rien, un titre qui se rapprocherait un tout petit peu…

Les Notes

Frick (5): Très peu de travail pour le gardien genevois, ceci dû évidemment à la physionomie du match. Quelques rares interventions à faire qu’il a bien gérées et c’est tout. 

RAS pour Frick qui a tenu son rang.

Bauer (4): Il a plutôt bien géré le côté défensif, à l’exception d’une largesse permettant à Garcia de frapper en début de match. A 11 contre 10, heureusement d’ailleurs. Offensivement en revanche, ce fut faible. On attend plus d’un latéral lors d’un match comme celui-ci. En supériorité numérique, le latéral genevois aurait dû être beaucoup plus entreprenant dans les 30 derniers mètres. L’énergie et le dynamisme de Diallo auront manqué ce dimanche après-midi. Son match aura été à l’image de la performance du côté droit grenat: timide et peu percutant.

Remplacé par Magnin à la 85e minute. Le David Luiz genevois aura trop peu joué pour être noté mais a montré beaucoup d’envies et de disponibilité lors de sa présence sur le terrain.

Monteiro (6): Très à son affaire, le jeune Monteiro a montré des bonnes qualités de relance et d’audace balle au pied en n’hésitant pas à venir porter le ballon dans le camp bernois pour tenter de créer le surnombre, même si certaines passes n’auront pas abouties. Défensivement, il a dû être un calvaire à jouer pour les attaquants de YB sur les seuls ballons qu’ils ont reçu dans les pieds dos au but. Systématiquement au marquage, il aura permis de récupérer un grand nombre de ballons. 

Monteiro est une vraie alternative en cas d’absence d’un des titulaires au poste.

Vouilloz (6): Egalement solide défensivement, il a été malin en provoquant l’expulsion d’Itten qu’on pensait être le tournant du match à la 18e minute. En revanche, malgré son expérience supérieure de ce niveau de jeu, il s’est placé en retrait de son coéquipier de la charnière centrale dans le domaine de la relance où il a été plus irrégulier et brouillon.

Malgré une performance solide de Vouilloz, ce n’était de toute façon pas a lui de faire la différence dans ce match même s’il en a été un acteur majeur.

Clichy (6): Un peu à l’image de ces coéquipiers de la défense. Un très bon début de match jusqu’à l’expulsion, solide et précis dans ses interventions. Nous laisse tout de même sur notre faim à partir du moment où Servette a joué en supériorité numérique. Il aurait pu apporter encore plus offensivement pour provoquer le surnombre et épauler Kutesa dans son affrontement contre un Ruegg solide. Il a également parfois la frustrante tendance de faire la passe supplémentaire au lieu de mettre un ballon dans les 16m adverses, surtout lorsqu’il fallait essayer de se montrer dangereux en fin de match. Mais ça, c’est si on veut chipoter.

Toujours aussi précieux dans les matchs importants pour Servette.

Douline (8): Le meilleur genevois ce dimanche, et de loin. Il n’a cessé de ratisser, gratter et récupérer des ballons au milieu pour ensuite relancer proprement. Très propre dans ses interventions, il a dû perdre 2 ou 3 ballons à tout casser dans la phase de relance. Le français a régné sur sa partie de terrain et c’est dommage que ses coéquipiers ne se soient pas mis au diapason. En difficulté l’an passé, il prend vraiment une toute autre dimension cette année et s’est imposé comme l’incontournable au poste de 6.

Il a été impérial contre les bernois, à l’image de sa première partie de saison. Si Servette est aussi bien classé, il n’y est certainement pas pour rien.

Remplacé de manière incompréhensible en fin de match (85e) par Cespedes qui n’a pas pesé sur le match.

Cognat (7): Toujours aussi juste techniquement, il est de loin le leader technique de l’équipe. Il lui aura manqué sur ce match ce qu’on lui reproche de manière générale et ce qu’on peut reprocher à l’équipe dans son entier: être décisif dans la surface adverse. Il a été partout, comme d’habitude. De manière plus précise, on l’aura vu faire deux belles percées en seconde mi-temps dans l’axe de la défense bernois avant d’enchaîner avec une frappe ratée frustrante, ainsi qu’une frappe qu’il aurait dû cadré en fin de première mi-temps.

Frustré (et on le comprend) lors de sa sortie à la 89e, il a été remplacé par Samba Diba, qui n’aura pas pesé sur le match.

Pflücke (3): Imprécis dans ses contrôles, il a manqué de justesse dans ses passes également. Trop léger au duel depuis le début de la saison et trop prévisible, il s’est fait manger par le milieu bernois. Alors certes, son poste est plus sur le côté qu’au milieu de terrain. Il n’en reste pas moins que Pflücke ne convainc à aucun de ces deux postes et cela doit commencer à devenir un casse-tête pour Geiger. Heureusement pour le petit ailier allemand, les indisponibilités actuelles lui permettent d’être aligné régulièrement, mais qu’en sera-t-il si Servette récupère toutes ses forces offensives?

Les 14 buts et 12 passes décisives de la saison passée en D2 néerlandaise sont bien loin…

Remplacé à la 70e par Fofana qui aura été un des seuls servettiens capable d’affronter et de provoquer l’arrière-garde de YB. Fautes provoquées, percées dans la défense bernoise balle au pied, il n’aura manqué (encore et toujours) que le dernier geste pour que la prestation soit pleine, et tout ça en 20 minutes. Des regrets tout particulièrement avec cette frappe qui s’envole à la dernière minute alors qu’il s’était ouvert l’axe du but en éliminant Niasse d’une feinte de frappe.

Quand il est dans ces dispositions, Fofana fait plaisir à voir.

Kutesa (6): Un match difficile à évaluer. On attend d’un joueur offensif d’être décisif, or il ne l’a pas été. Pourtant, il a été l’un des seuls dont on a senti en première mi-temps que l’étincelle pourrait venir. Plus juste et sûr techniquement que beaucoup de ses coéquipiers, il a également une force de pénétration assez impressionnante et une capacité à éliminer qui manque dans les rangs servettiens. Le genevois a malheureusement bien été pris par l’arrière-garde des leaders, étant souvent cerné de 2 voire 3 bernois. Difficile dans ces conditions de s’illustrer. Il n’a pas non plus été aidé par le manque d’idée général de l’équipe. A un peu plongé physiquement en seconde mi-temps, on l’a en tout cas moins vu après la pause.

Remplacé à la 70e par Dias Patricio qui a tout de même eu beaucoup de mal à s’extirper du marquage des défenseurs adverses

Stevanovic (5): Il donne l’impression de manquer de jus depuis quelques matchs et ce dimanche n’a pas fait exception malheureusement. Il rate la plus belle occasion genevoise avec ce face-à-face lors duquel il met le ballon sur la barre et surtout multiplie les mauvais choix dans le dernier tiers du terrain, là où Servette a tant besoin de précision. Il n’a, il est vrai, pas été aidé par Bauer qui a eu bien du mal à dépasser ses fonctions sur le flanc droit. Steva semble plus à l’aise avec un Diallo plus généreux et qui multiplie les courses à ses côtés, et ça s’est encore vu ce dimanche. 

La pause arrive d’ici une semaine et fera le plus grand bien au bosnien qui devrait logiquement être préservé ce mercredi en Coupe par Geiger.

Rodelin (6): Encore un match frustrant pour Rodelin. Précieux dans le jeu dos au but, il se crée  en revanche trop peu d’occasions (une frappe écrasée en première mi-temps) pour un avant-centre. On l’a pourtant senti concerné avec un bon pressing sur quelques remontées de balles bernoises et un tacle défensif bien senti en fin de match. C’est tout de même dommage qu’il ne soit pas cherché plus souvent de la tête dans la surface adverse car il gagne un bon nombre de duels à ce niveau. Sa qualité technique lui permet de bien combiner avec ses milieux ou ses ailiers mais il délaisse du coup la point de l’attaque et les solutions devant le but deviennent rares, si ce n’est inexistantes.

Encore et toujours un casse-tête pour Geiger, qui n’a jamais vraiment trouvé la place permettant d’optimiser le rendement de Rodelin.

Geiger (2): Un coaching au mieux inutile, au pire contre-productif. Si les changements de la 70e semblaient logiques avec un Kutesa fatigué et un Pflücke à côté de ses pompes et avantageusement remplacé par Fofana, que dire des sorties quasi simultanées des deux meilleurs joueurs de l’équipe, Cognat et Douline. Un changement tactique aurait pu l’expliquer, hors cela a semblé être du poste pour poste basique (Douline pour Cespedes), voire même une solution plus défensive (Samba pour Cognat)…Dans un match que Servette devait aller chercher, cela ressemble à une grosse erreur et la réaction de Cognat à sa sortie veut tout dire. On dirait que Geiger se sent obligé d’effectuer ses 5 changements.

Résultat: des entrants qui n’apportent rien et une équipe qui se retrouvent sans rampe de lancement et sans leader technique et créatif. Dommage d’avoir un tel manque d’ambition…