1933: LA NOUVELLE FORMULE

1933: LA NOUVELLE FORMULE

C’est au début du championnat 1933-1934 que l’on applique la nouvelle formule. Les groupes régionaux (deux ou trois jusqu’ici) sont remplacés par une Ligue nationale ne comptant qu’un seul groupe de 16 équipes puis 14 dès 1934-1935. Les délégués de l’ASFA adoptent également un règlement pour les joueurs professionnels. La surenchère est de mise un peu partout et comme les recettes sont insuffisantes, c’est le mécénat qui prévaut. Cette situation provoque quelques mécomptes chez certains dirigeants recherchant leur propre publicité mais le payant par des faillites, des concordats, ainsi que quelques arrestations. Le président servettien est maintenant Maurice Herren et le local du club passe du cercle du Servette à la Place des Bergues à l’Hôtel Elite. La nouvelle formule semble convenir aux Servettiens. Ils réalisent une brillante saison, gagnant le titre et étant finalistes de la coupe. 

Rédigé par: Jacques Ducret, hors-ligne, 1990

1934: ENNUIS FINANCIERS

1934: ENNUIS FINANCIERS


Cette brillante saison 1933-1934 n’empêche pas le club d’accumuler les dettes. Il vit au-dessus de ses moyens et il faut même créer une commission financière pour assurer la gestion du club. Ne pouvant faire face à ses engagements la société immobilière est mise en faillite, les joueurs ne sont pas régulièrement payés.


Le président et le comité démissionnent, les anciens reviennent pour sauver le club. Ce sont Gabriel Bonnet, Gustave Bétemps, Fernand Lila, Fred Greiner,Edmond Emery, Gustave Hentsch. Gustave Bétemps est porté à la présidence pour la saison 1935 à 1936 puis Fred Greiner reprendra le flambeau pendant 10 ans. En 1934, la dette atteint la somme astronomique pour l’époque de 230’000 francs. Grâce à l’appui de MM.Hentsch, la commission de gestion permet à Servette de se sortir d’une situation qui mit son existence en danger. Sportivement, Rappan et la plupart des joueurs restent fidèles et l’équipe rate son 3ème titre consécutif d’un petit point.


En 1935-1936, le nombre des clubs de la Ligue nationale est réduit à 14 puis à 12 deux ans plus tard. Le maintien n’est plus évident. Mais Servette se classe deux fois septième, une fois sixième puis quatrième, tout en étant deux fois finaliste malheureux de la coupe en 1936 (0-2 devant les Young-Fellows) et en 1938 (2-2 avec Grasshopper puis 1-5). L’un des événements de la saison 1937-1938 est constitué par le transfert de Trello Abegglen (Sochaux) qui arrive comme le joueur-entraîneur. Rappelons aussi que cinq Servettiens sont convoqués avec l’équipe nationale pour la Coupe du Monde qui se déroule en France : Trello Abegglen,, Georges Aeby, Ernest Loertscher, Genia Walaschek et Dody Guinchard. Leurs matches contre l’Allemagne (1-1 puis 4-2) font partie des plus grands exploits de l’histoire du football suisse.

Rédigé par: Jacques Ducret, hors-ligne, 1990

1940: LE TITRE POUR LE CINQUANTENAIRE

1940: LE TITRE POUR LE CINQUANTENAIRE


En 1939-1940, on passe au championnat à 14 équipes. Il se déroule malgré la mobilisation générale. L’année de son cinquantenaire, Servette triomphe avec 13 points d’avance sur Granges, 41 points en 22 matches. Trello Abegglen et ses joueurs ne sont jamais inquiétés par les Grasshopper de Karl Rappan qui a changé de camps en 1935. Cette remarquable équipe de 1940, apportant à Servette son 9ème titre.


Les prochaines saison sont plus difficiles : 3ème en 1941, 3ème en 1942, 6ème en 1943, 2ème en 1944, 9ème en 1945. Entraînée par Trello Abegglen de 1938 à 1942, l’équipe est reprise par Léo Wionsowski pour la saison 1942-1943. Puis arrive Fernand Jaccard qui va entraîner Servette de 1943 à 1948, soit jusqu’au retour de Karl Rappan. C’est dès le championnat 1944-1945 que les clubs de Ligue nationale sont répartis en deux groupes de quatorze équipes. Cette saison est également celle des grands débuts en Ligue Nationale de Jacky Fatton.


Servette doit attendre la saison 1945-1946 pour conquérir à nouveau le titre, son 10ème, ceci avec un effectif très proche de celui qui n’avait terminé que neuvième douze mois plus tôt. Ce titre est acquis grâce à la pratique d’un football de mouvement. C’est la naissance du « tourbillon ». Jacques Ducret, dans sa chronique des Charmilles, cite le démarage deTamini, l’abattage de Facchinetti, la robustesse de Belli et le dribble de Pasteur.


Cette même année, la société immobilière du Servette vend à la société Tavaro le petit terrain se trouvant derrière les gradins principaux, se séparant ainsi du terrain d’entrainements et des courts de tennis.

Grâce à cette opération, la Société immobilière peut éponger ses dettes et surtout acheter 36’000 m2 de terrain à Balexert. André Rosset succède à Fred Greiner à la présidence. Grâce à son efficacité et à celle de son comité, Servette peut tout à la fois assainir sa situation financière, remettre en état le gazon du Parc des Sports et améliorer les installations du stade. Les grand dirigeants que sont les Rosset, Piazzalunga, Moreau ou encore Faller et Dumonthay permettent de réaliser des gradins en escalier sur le talus côté Tavaro puis sur le talus côté voie de chemin de fer et de porter la capacité du stade à 30’000 places.

Rédigé par: Jacques Ducret, hors-ligne, 1990

1947: 21 ANS D’ATTENTE

1947: 21 ANS D’ATTENTE


Fernand Jaccard quitte son poste d’entraîneur en 1947 et au début de 1948, c’est le grand retour à Genève de Karl Rappan, engagé comme directeur technique. Il se sépare de son gardien Tony Ruesch avec lequel il a eu un différend lors d’un match international (Suède-Suisse 7-2 en 1946 à Stockholm) et fait appel à l’Ugéiste Edmond Bussy. L’équipe ne se distingue pas dans ce championnat 1948-1949 (4ème place) mais brille en Coupe. Le lundi de Pâques au Wankdorf, elle gagne la finale en étrillant Grasshopper 3-0 grâce à deux buts de Fatton et un de Tamini. Mouthon qui neutralise Bickel tient un rôle peut-être déterminant. Il y avait 21 ans que la Coupe n’était plus revenue à Genève. L’année suivante, Servette célèbre son 60ème anniversaire en remportant son 11ème titre.


Edouard F.Filliol, alors journaliste sportif à « La Suisse » mais aussi joueur de football et de hockey sur glace au Servette avant de devenir secrétaire générale du club grenat, notre dans la plaquette consacrée à ce 60ème anniversaire : « Les joueurs de 1950 ont été les dignes successeurs de leurs prédécesseurs et ont bataillé avec ardeur pour que ce 60ème anniversaire soit marqué par l’obtention du titre national».

Rédigé par: Jacques Ducret, hors-ligne, 1990

1959: DE RAPPAN A SNELLA

1959: DE RAPPAN A SNELLA


Après le titre marquant le soixantième anniversaire, la diète préside aux années cinquante. Une triste décennie au cours de laquelle plus aucun titre ni aucune coupe ne viennent enrichir le palmarès des « grenat ». De Rappan à Snella qui arrive en1959, les entraîneurs se succèdent sans connaitre le succès, puisque Servette est 4ème en 1951, 6ème en 1952 et 3ème en 1953 avec Rappan, 4ème avec Châtelain en 1954, 6ème à nouveau avec Rappan en 1955, 6ème avec le tandemRappan-Brinek en 1956, 4ème en 1957 avec Rappan seul, 9ème en 1958 avec Vincze, 9ème en 1959 avec Séchehayeenfin 7ème en 1960 pour la première saison de Jean Snella.


C’est peut-être en 1953 que Servette parait le plus apte à reconquérir le titre, mais il est accablé par les blessures. En1955, création à Paris de la Coupe d’Europe. Le futur (et multiple) vainqueur Real Madrid dispute son premier match aux Charmilles et gagne 2-0 avant de s’imposer 5-0 au retour.


L’année suivante, ce sont les événements de Hongrie. En tournée avec l’équipe nationale juniors, six jeunes magyars restent en Suisse. Rappan les accueillent au Servette. Ce sont Pazmandy, Makay, Nemeth, Keresztes, Varhidi et Geley. Le 13 avril 1958, Lulu Pasteur dispute son dernier match sous les couleurs du Servette, le tandem qu’il a formé avecJacky Fatton laisse un souvenir inoubliable au moment où l’ère servettienne de Karl Rappan se termine. Marcel Righi, successeur de Clément Piazzalunga, réussit certainement un fameux coup à l’orée de la saison 1959-1960 lorsqu’il engage Jean Snella. Celui-ci ne peut toutefois obtenir mieux que la septième place pour sa première saison à Genève.

Les Young-Boys de Sing sont encore trop fort, ils fêtent leur 4ème titre d’affilée.
Snella jette toutefois les bases d’une équipe qui va réussir un magnifique doublé en 1961 et 1962. L’entraîneur français obtient un parfait amalgame entre certains anciens ou routiniers comme Jacky Fatton et Charly Kunz ou Steffanina, et des jeunes comme les Hongrois Nemeth, Makay et Pazmandy ou encore Desbiolles (venu de Meinier), Bosson(Carouge), Barlie (UGS), Meylan, Roesch, Georgy (Sion), Heuri (Moutier).

C’est ainsi qu’en 1960-1961, Servette remporte son 12ème titre national. Le parcours de cette équipe est étonnant : elle totalise 46 points pour 26 matches, avec 77 buts inscrits contre 29 encaissés. L’efficacité de l’attaque est reflétée par la manière dont les buts sont répartis : Heuri16 buts, Fatton 14, Bosson 13, Georgy 10, etc.


La formation parvenant au doublé l’année suivante, subit deux changements d’importance : désireux de réaliser une bonne campagne européenne, Jean Snella obtient l’engagement de Rolf Wütricht et de Giulio Robiani. L’arrivvée de ces renforts n’empêche pas Jacky Fatton d’être le roi des buteurs du championnat avec 25 réussites. Outre le titre, le souvenir le plus marquant de cette saison est certainement constitué par le match de coupe d’Europe des champions Servette-Dukla Prague. Devant 26’000 spectateurs, menés 3-1 à la trentième minute, les « grenat » égalisent par Robbianià six minutes de la fin puis prennent l’avantage par Fatton (4-3) cent-vingt secondes avant le coup de sifflet final. Cet exploit est malheureusement vain. Quinze jours plus tard les Genevois sont battus 2-0 à Prague.

Rédigé par: Jacques Ducret, hors-ligne, 1990

1962: DE LEDUC A SUNDERMANN

1962: DE LEDUC A SUNDERMANN


Servette entre alors dans une nouvelle période avare en lauriers après le 13ème titre de 1962 puisqu’il va lui falloir patienter 17 ans pour triompher à nouveau, sous l’égide du président Roger Cohannier. En Coupe, l’attente est encore plus longue. Vingt-deux ans séparent les succès de 1941 et 1971. En 1963, le président Marcel Righi engage Lucien Leduc qui vient de réussir le doublé coupe-championnat avec l’AS Monaco. « Lulu » va régulièrement tutoyer le succès mais ne gagnera rien avec Servette : 4ème en 1964, 3ème et finaliste de la Coupe en 1965, 2ème et finaliste de la coupe en 1966. Deux finales qui sont de bien mauvais souvenirs.


Lors de la première, alors que Desbiolles est écarté de l’équipe, celle-ci a de la peine à se mettre en train et Georgy, retourné à Sion, en profite pour inscrire le premier but. Gasser marque le deuxième but (84ème) et Daïna sauve l’honneur mais pour le reste Vidinic est imbattable. C’est une victoire personnelle pour Maurice Meylan, limogé au début de la saison en compagnie de René Schneider, Giulio Robbiani et Didier Makay.


L’année suivante, c’est le FC Zurich que Servette affronte le lundi de Pâques en finale de la Coupe. Nemeth etSchindelholz, les ailiers « grenat » sont mal menés par Xavier Stierli et Munch et devant 54’000 spectateurs, Zurich l’emporte 1-0, Fritz Kunzli pouvant tromper Barlie. Meilleur joueur, Vonlanthen reprend l’équipe comme entraîneur, avec parmi les nouveaux joueurs, un jeune Allemand, Jurgen Sundermann et Michel Fatton qui fait ses débuts dans la première équipe, 21 ans après son père.

Les premiers résultats en championnat sont décevants, Vonlanthen est obligé de rejouer. Marcel Righi précipite le mouvement et fait appel au « mage » Bela Gutman qui perdra plus tard tout crédit lorsque l’on apprendra qu’il s’est inventé certains états de service.
Gilbert Dutoit assure l’intérim pour finir la saison et prépare le terrain pour le retour du « chef » Jean Snella, dès la saison 1967-1968. Un grand transfert pour le retour de l’entraîneur français, celui de Philippe Pottier. En quatre saisons,Jean Snella n’amène jamais son équipe au dessus de 7ème rang en championnat, mais gagne la finale de la Coupe 1971.

C’est un sursaut de Bernd Doerfel à la 54ème minute qui ouvre la voie du succès aux « grenat ». Son tir croisé rebondit dans le dos de Prosperi et Desbiolles peut le reprendre et le propulser au fond des filets du gardien du FC Lugano. Marchi double la mise à un quart d’heure de la fin.


Jean Snella ne termine pas la saison suivante. C’est le responsable de la réserve, le Lancéen Henry Gillet, qui prend le relais jusqu’à l’hiver avant de céder la place à Jurgen Sundermann. Engagé pour deux ans et demi, celui-ci revient tout auréolé d’un passage au FC Bâle restant sur deux titre en championnat. Il introduit un international junior, Gérard Castella, lance Marc Schnyder à 19 ans, fait venir Hans-Jörg Pfister de Bienne, se sépare de Perroud, pousse « Toto »Dutoit mais ne connait guère la réussite. Servette est 4ème en 1973, 3ème en 1974 lorsqu’arrive Roger Cohannier…


Au cours de la saison 1974-1975, Roger Cohannier (61 ans) qui dirige la commission sportive depuis deux saison, succède à Emile Dupont. Il termine sa première année comme « boss » avec une modeste 7ème place. Sa première saison de président est la dernière de l’un des joueurs les plus spectaculaire jamais vu à Genève, Bernd Doerfel, qui a des problèmes à un genou. Cette performance toute relative convainc M.Cohannier de la nécessité d’un bon recrutement.  L’engagement de Marcel Cornioley ne peut se faire, mais en revanche Engel, Bizzini et Kudi Muller arrivent aux Charmilles ainsi qu’Alfred Hussner, un Allemand venant d’un club belge de 2ème division mais qui est fort précieux. Ces mutations apportent énormément. Servette attire beaucoup de monde aux Charmilles (9000 spectateurs de moyenne au 1er tour) et termine 2ème à 4 points du FC Zurich.

Rédigé par: Jacques Ducret, hors-ligne, 1990